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CHAPITRE III.

Histoire naturelle de la Vigne.


LA VIGNE, vitis vinifera, est placée par Tournefort dans la 2e. section de la 21e. classe, qui comprend les arbres et arbrisseaux, à fleur rosacée, dont le pistil devient une baie ou une grappe composée de plusieurs baies. Selon le système de Linné, elle est classée dans la Pentandrie monogynie ; c’est-à-dire avec les plantes dont les fleurs hermaphrodites ont cinq étamines et un pistil.

Sa fleur rosacée est composée de cinq pétales qui se rapprochent vers leur sommet, d’un calice, à peine visible, divisé en cinq petits onglets. Du milieu du calice sort le pistil, couronné d’un stigmate obtus. L’embryon devient une baie ronde dans laquelle on trouveroit constamment cinq semences, si une, deux et quelquefois trois d’entr’elles n’avortaient. Elles sont dures, presque osseuses, arrondies, en forme de cœur, vers l’une des extrémités et resserrées en pointe vers l’autre ; elles sont en outre divisées en deux loges dans leur partie supérieure. Les fleurs, disposées en grappes, sont opposées aux feuilles ; et celles-ci, alternes, grandes, palmées, découpées en cinq lobes et dentelées dans leur pourtour, tiennent au sarment par un long pétiole.

Les branches de la vigne, comme celle de la plupart des plantes sarmenteuses, sont armées de vrilles, tournées en spirales ou en forme de tirebourre, par le moyen desquelles elles s’accrochent aux corps étrangers qu’elles peuvent atteindre, pour se soulever et éviter le contact immédiat de la terre dont l’humidité pourriroit souvent les baies avant la maturité des semences.

La maîtresse racine plonge en terre où elle se divise en bifurcations, d’où sortent de nouvelles racines si ténues, si déliées, qu’on leur donne le nom de capillaires, de chevelus, de chevelées, etc. Elles s’amincissent même tellement en s’étendant horizontalement, qu’elles finissent par être imperceptibles à l’œil le plus exercé. La première fonction des grosses racines est d’assujettir la plante ; celle des autres, d’aspirer en terre une partie des alimens propres à la nourrir.

De ces racines sort une tige souvent tortueuse et toujours couverte d’aspérités produites par de gros nœuds, plus ou moins distans les uns des autres, et par une écorce de couleur brune, plus ou moins foncée, et si foiblement adhérente au liber, qu’elle s’en détache continuellement, soit par écailles, soit en longs et étroits filamens. Ce fréquent changement des parties corticales annonce que son bois ne peut avoir d’aubier, par conséquent que toute la partie ligneuse du pourtour est d’une grande densité. En effet les tiges de cette plante sont propres, comme les bois les plus durs, à recevoir au tour toutes les formes qu’on veut lui donner, sur-tout quand elles sont vieilles et qu’elles ont acquis le volume auquel elles