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tre-vingt-huit mille barriques. Nous le porterons à dix millions, moins pour éviter les fractions, que pour faire entrer, dans ce compte rond, l’excédent du produit des vignes qu’on récolte dans les nouveaux départemens du Rhin, la consommation de ses habitans prélevée. En effet, la situation de ce territoire, en très-grande partie, par delà le cinquantième degré de latitude, ne permet pas d’y supposer une exportation de plus de trois cent trente deux mille barriques.

Nous n’avons pas encore parlé de la Belgique ; mais sa réunion à la République ne peut influer sur les conséquences à tirer des calculs dont il s’agit : 1°. parce que son sol n’est point propre à la culture de la vigne ; 2°. parce que les deux cent quatre-vingt-dix-neuf centièmes de ses habitans ne consomment que de la bière pour leur boisson. Les autres faisoient partie, comme on le voit dans le premier des tableaux placé ci-dessous, des consommateurs étrangers des vins de France. Il ne nous reste donc plus qu’à nous occuper de la population de la France, telle qu’elle étoit dans l’ancien ordre de choses. Un accord assez général la portoit à vingt quatre millions d’individus, desquels on doit en déduire quatre pour les enfans hors d’état de boire du vin. On peut supposer que la moitié des autres citoyens en sont privés, ou par indigence, ou parce que d’autres boissons, comme le cidre et la bière, suppléent à celle du vin. Ainsi la consommation du vin se trouvera restreinte aux besoins de dix millions d’individus de l’un et de l’autre sexe.

La consommation habituelle et modérée d’un homme est de deux barriques ou poinçons ; la moitié suffit pour celle d’une femme. On en devroit donc consommer annuellement, en France, quinze millions de pièces, dont les deux tiers à l’usage des hommes, et l’autre à celui des femmes. Si on ajoute à cette quantité de vin, celui qu’on emploie à la fabrication des eaux-de-vie et des vinaigres, à l’usage de la pharmacie, des cuisines, et enfin celui qu’on exporte à l’étranger, on trouvera un nouveau déficit de dix-huit-cent mille pièces sur ce que devroit être le rapport des vignes de France, soit pour la consommation intérieure, soit pour son commerce du dehors : puisqu’il faudroit pour remplir l’une et l’autre de ces destinations, un produit général d’au moins seize millions huit cent mille pièces ; c’est-à-dire, d’une part, la récolte de deux millions huit cent mille arpens, donnant chacun sept barriques et en outre l’emploi en jeunes ceps, pour le renouvellement des vignes, de trois cent quarante-trois mille autres arpens. Il faudroit donc que la culture de la vigne occupât, sur le sol français, deux millions sept cent quarante-trois mille arpens ? tandis qu’un million six cent mille seulement lui sont consacrés. Dans le premier cas, le produit territorial des vignes de France, converti en argent, chaque arpent produisant sept barriques, et chaque