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inventaires ce qu’on appelle les têtes de vin, dont la concurrence seule des gens très-riches et des étrangers élève les valeurs au dessus de leur niveau naturel.

Des avances et reprises à faire par le cultivateur.

Le plus sage parti que puisse embrasser un propriétaire de vignes, est celui de les faire valoir par lui-même, d’en surveiller la culture avec le plus grand soin, et de ne rien économiser sur les avances annuelles. La terre rend avec usure les trésors qu’on lui confie. Nous avons détaillé plus haut une grande partie des inconvéniens qui résultent du fermage de ces sortes de propriétés.

L’exploitation de celles-ci n’exigeant point, pour emplette des bestiaux, d’instrumens aratoires, de semences, etc., des avances primitives, comme celles des terres à blé ; il suffit d’établir, par un calcul simple et précis, 1°. les sommes qu’on dépense annuellement pour cultiver sa vigne ; 2°. les reprises auxquelles cette culture donne droit, et auxquelles on ne songe presque jamais.

Les premières consistent 1°. dans le prix qu’on accorde au vigneron, pour les différentes façons qu’il est tenu de donner à chaque arpent ou demi-hectare ; 2°. dans les frais d’échalas, pour ceux qui les emploient ; 3°. dans ceux des engrais, quand on en fait usage ; 4°. dans ceux des fûts qu’on remplit année commune ; 5°. dans ceux de la vendange et de la fabrication des vins au pressoir.

Les secondes consistent dans le prélèvement de dix pour cent des avances annuelles, en supposant toujours que le propriétaire réunit en lui la qualité de fermier. Il a droit en outre à une indemnité pour le dédommager des pertes occasionnées par les fléaux extraordinaires, tels que la grêle, les insectes, parce que ces accidens ne font point partie des crises communes. On ne peut guère porter cette indemnité au dessous du dixième du produit moyen total.

Voici une autre reprise, non moins juste, non moins intéressante, et dont on ne semble guère s’occuper non plus ; c’est celle à laquelle donne droit la dépense du renouvellement indispensable de la vigne. Tout le monde sait que le plant de la vigne se détruit peu à peu comme tous les autres végétaux, comme tout ce qui appartient à la nature. Après une plus ou moins longue durée, suivant la qualité des ceps, la nature du sol et du climat, il faut la replanter. À compter du premier moment de cette opération jusqu’à celui où elle commence à dédommager le propriétaire par une première récolte, il s’écoule au moins cinq ans pendant lesquels on est non seulement privé de tout produit net, mais il faut faire, excepté les frais de vendange, tous les autres frais de culture. Ainsi pour que le propriétaire parvienne à la juste estimation du revenu constant de sa propriété, il est obligé de soustraire du premier produit net qui se trouve après tous les prélèvemens qu’on vient de dé-