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récolte ne couvre les frais de leur exploitation. Le propriétaire cultivateur se dissimule trop souvent ses dépenses de détail ; et il omet presque toujours dans ses calculs, les reprises auxquelles il doit prétendre, quand il remplit par lui-même les fonctions de fermier ; c’est-à-dire, quand il s’expose à toutes les chances, ou qu’il court tous les hasards d’une entreprise agricole. L’attention à tout compter, la connoissance de toutes les reprises auxquelles il a nécessairement droit, sont d’une telle importance, dans une administration rurale, vignicole sur-tout, que celui qui les néglige dans quelques-unes de ses parties, court insensiblement vers sa ruine.

Pour mettre le cultivateur vigneron à portée d’éviter toute méprise, toute omission à cet égard, nous croyons devoir les placer ici, dans tous leurs détails, et faire précéder, par leur énumération, les états raisonnés des dépenses et des produits des principaux vignobles de la France, que nous allons mettre sous les yeux du lecteur.

Les calculs que nous lui présenterons ont été formés avec soins et sur de bons renseignemens. On a opéré pour établir un terme moyen d’après le prix de main-d’œuvre, et la valeur de la denrée, pendant les dix années qui ont précédé la révolution. L’un et l’autre ont été, depuis cette époque, trop variables, trop incertains, pour former une base sur laquelle il fût raisonnable de compter. On peut donc donner assez de confiance aux résultats de ces calculs, pour estimer plus sûrement, d’après eux, que d’après toute autre donnée, et dans presque tous les différens vignobles de la France, le produit brut et le revenu net d’une propriété en vigne, et par conséquent sa véritable valeur foncière, s’il s’agit d’en faire l’acquisition. Car, dans cette circonstance, il suffit de connoître les frais de culture, le produit moyen en quantité, son prix commun et le tems de la durée de la vigne, pour avoir tous les renseignemens qui doivent servir de guide pour rompre ou pour conclure un marché de ce genre.

Celui dont les vues s’étendent par-de-là son intérêt personnel, et qui goûte quelque plaisir à s’occuper des moyens de richesses propres aux différentes nations, trouvera peut-être à tirer de ces états des conséquences assez curieuses sur la quantité de terrein consacrée en France, à la culture de la vigne, sur celle qui pourroit y être ajoutée, sans nuire aux autres productions utiles du sol ; sur le revenu qui résulte pour la nation, du produit brut des vignes ; et sur les autres objets de consommation, de commerce et d’industrie, auquel il donne lieu : tels que ceux du bois à brûler pour la fabrication des eaux-de-vie (et même des vinaigres dans les départemens du Centre et du Nord), de l’exploitation du merrain, des cercles, des osiers pour les façonner en futailles ; sur la conversion des lies en tartre, en cendres, gravelées, etc.

Nous devons prévenir que nous avons été obligés d’excepter des