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de Serres et Duhamel occupèrent ses loisirs en même-tems qu’il portoit un œil de critique et d’observation sur les méthodes d’agriculture pratiquées dans les provinces méridionales. La chaîne qui existe entre les diverses branches des connoissances humaines, sur-tout entre l’agriculture et les sciences naturelles et physiques, l’engagèrent à étudier celles-ci avec une attention particulière.

Doué d’une mémoire prodigieuse, d’une facilité étonnante pour saisir les rapports entre les différens systèmes, les peser, les discuter, les perfectionner, il fut bientôt au niveau de toutes les découvertes. Ses liaisons avec Willermoz, médecin aussi habile que chimiste profond, et avec Fleurieu de Latourette, naturaliste distingué, le firent remarquer de Bourgelat que le gouvernement avoit chargé d’établir à Lyon une école vétérinaire. Lorsque celui-ci fut appelé en 1765 pour aller fonder l’école d’Alfort, il choisit l’abbé Rozier pour le remplacer, et lui fit donner par le roi un brevet de directeur de l’école de Lyon. Rozier n’en jouit pas long-tems. Une lettre de cachet lancée par le ministre Bertin, à la sollicitation de Bourgelat lui-même, anéantit le brevet du jeune professeur, qui avoit eu la témérité d’éclipser la réputation du fondateur de l’école. L’esprit fier et indépendant de Rozier, son amour pour la gloire, n’avoient pu se plier au caractère d’un homme impérieux et vain qui s’est attribué plus d’une fois les ouvrages de ses élèves.

Avec sa place, Rozier perdit la pension qui y étoit attachée. Plongé dans une situation presque voisine de l’indigence, son esprit n’en fut point abattu. Il se consola de l’injustice du gouvernement dans le sein de ses amis et dans la continuation de ses travaux.

J. J. Rousseau étant venu à Lyon, à-peu-près à cette époque, s’empressa de faire sa connoissance. Il se