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porté par Bussel, possédoit des vignes à Bourges, à Soissons, à Compiègne, à Lâon, à Beauvais, Auxerre, Corbeil, Bétisi, Orléans, Moret, Poissi, Gien, Anet, Chalevane (le seul transport du vin de ce dernier crû coûta cent sols en 1200), Verberies, Fontainebleau, Rurecourt, Milli, Boiscommun dans le Gatinois, Samoi dans l’Orléanois et Auvers dans le voisinage d’Etampes. Le même compte fait mention de vins achetés pour le compte du roi à Choisy, à Montargis, à Saint-Césaire et à Meulan. Ce dernier avoit sans doute été récolté sur la côte d’Évêque-Mont.

Parmi les fabliaux du treizième siècle, publiés par le Grand-d’Aussy, il en est un composé sous le règne du même Philippe-Auguste, et intitulé la Bataille des Vins, dans lequel on trouve une liste très-étendue des vins de France réputés alors les meilleurs. Après avoir parlé génériquement de ceux du Gatinois, de l’Auxois, de l’Anjou et de la Provence, il ajoute que l’Angoumois se vante à bon droit, de ceux des environs d’Angoulême, comme l’Aunis de ceux de la Rochelle ; l’Auvergne, de Saint-Pourçain[1] ; le Berry, de Sancerre, de Châteauroux, d’Issoudun et de Buzançais ; la Bourgogne, d’Auxerre, Beaune, Beauvoisins, Flavigni et Vermanton ; la Champagne, de Chabli, Epernay, Rheims, Hautvillers, Sézanne et Tonnerre ; la Guienne, de Bordeaux, Saint-Emilion, Trie et Moissac ; l’Isle-de-France, d’Argenteuil, Deuil, Marly, Meulan, Soissons, Montmorenci, Pierrefite et Saint-Yon ; le Languedoc, de Narbonne, Béziers, Montpellier et Carcassonne ; le Nivernois, de Nevers et Vézelai ; l’Orléanois, d’Orléans, Orchèse, Jargeau et Samoi ; le Poitou, de Poitiers ; la Saintonge, de Saintes, Taillebourg et Saint-Jean-d’Angeli ; la Touraine, de Montrichard.

Depuis l’an 1200, il ne s’est pas écoulé de siècle sans que les noms de plusieurs autres provinces ou de vignobles particuliers à des provinces déjà citées, n’aient augmenté les listes ci-devant rapportées. En 1234, le Pomard est cité par Paradin comme la fleur des vins de Beaune ; en 1310 une somme fut employée par ordre de Philippe-le-Bel pour faire des expériences sur les vins de Gaillac, de Pamiers et de Montesquieux[2] Eustache Deschamps, mort en 1420, ajoute[3] à la nomenclature précédente les nouveaux noms d’Aï, d’Auxonne, de Cumières, de Dameri, de Germoles, de Givri, Gonesse, Iranci, Pinos, Tournus, Troy, Vertus et Mantes. En 1510, lorsque les ambassadeurs de Maxi-

  1. Un autre écrivain du même siècle, parle d’un homme qui étoit devenu fort riche, dit de lui, pour donner une idée de son luxe, qu’il ne buvait plus que du vin de St.-Pourçain.
  2. Histoire de Languedoc, par D. Vaissette.
  3. Poésies manuscrites.