Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et qui emporta un de ses frères, il ne le quitta pas un instant, et lui prodigua les soins les plus tendres. La reconnoissance du jeune homme égala les témoignages d’amitié de son instituteur. Il fallut toute l’autorité paternelle pour le forcer à se séparer de lui et à aller passer les vacances dans le sein de sa famille.

Deux autres Jésuites, le P. Montez et le P. Milliot, dirigèrent Rozier dans la carrière des belles-lettres ; il la parcourut avec distinction. Comme il se destinoit à l’état ecclésiastique, il entra à la fin de ses études au séminaire de Saint-Irénée, où son goût pour les sciences naturelles se fortifiant par l’instruction, devint irrévocablement sa passion dominante.

On se doute bien qu’il n’apprit de cette science, décorée jadis du nom pompeux de théologie, mais qui n’étoit en général qu’un assemblage ridicule de thèses outrageantes pour la divinité, que ce qu’il lui fallut absolument savoir pour être ordonné prêtre. Sa conduite, après être sorti du séminaire, son éloignement pour les fonctions du sacerdoce, ses tentatives pour obtenir, dans Lyon, un bénéfice simple, prouvent qu’il n’embrassa l’état ecclésiastique que par le désir de mener une vie paisible et de consacrer tout son temps à répandre parmi ses compatriotes les connoissances le plus directement utiles à leur bonheur.

Après la mort de son père, qui arriva en 1757, il se trouva avec une légitime très-modique, que son goût pour les expériences eut bientôt dissipée. L’usage d’alors vouloit qu’on enrichît le rejeton privilégié d’une famille aux dépens de tous les autres. Rozier se retira dans le domaine dont avoit hérité son frère aîné. C’est là qu’il fit, si on peut se servir de cette expression, son apprentissage en agriculture. Faisant marcher la théorie avec la pratique, il étudia les préceptes des anciens et des modernes : Varron, Columelle et Pline, Olivier