Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distincts, il existe cependant entre eux une telle analogie, que souvent elle pouvoit donner lieu à établir les principes des mêmes résultats. La dissemblance dans la manière de les présenter eût été au moins ridicule, puisque les deux travaux devoient concourir à la confection du même ouvrage. Cette réflexion, je l’avoue, m’a donné de fréquentes inquiétudes pendant que je m’occupais de cet article. Si j’avois été à portée de consulter le C. Chaptal, je me serois fait un devoir, sans doute, de subordonner mes idées aux siennes ; mais une distance de deux cents lieues nous séparoit. Cependant les circonstances nous ayant rapprochés, nous nous sommes réciproquement communiqué nos manuscrits, avant de les livrer à l’impression ; et j’avoue que ce n’a pas été une foible jouissance pour mon amour-propre, de remarquer un accord parfait dans les mêmes principes, quand nous avons eu à parler des mêmes choses.

N’en pourroit-on pas conclure que si le lecteur croit avoir à se plaindre de rencontrer quelques répétitions dans les deux articles, le travail des deux auteurs acquiert par cela même peut-être quelques droits de plus à sa confiance ?

PLAN DU TRAVAIL.
Observations préliminaires.
Chap. I. Notice historique sur les vignes de France
Chap. II. Des frais de culture et des produits de la Vigne.
Chap. III. Histoire naturelle de la Vigne.
Chap. IV. Physiologie de la Vigne.
Chap. V. Culture de la Vigne.
Chap. VI. Des Vignes en treilles.
Chap. VII. De la conservation des raisins.

Observations préliminaires.

Pour peu qu’on ait réfléchi sur les moyens de prospérité qui appartiennent aux différentes nations, on sait déjà que les produits de la vigne occupent le second rang dans l’échelle des richesses territoriales de la France. Ces mêmes produits sont offerts aux hommes, soit pour le commerce de consommation proprement dit, soit pour être employés dans les arts sous cinq formes distinctes. 1°. Son fruit naturel (le raisin) quand il est parvenu au degré d’une maturité parfaite. 2°. Ce même fruit préparé par une lente et soigneuse dessiccation à recevoir dans des caisses un degré de compression tel que, non-seulement il présente un poids spécifique très considérable en raison de son peu de volume ; mais qu’ainsi disposé il peut être gardé pendant plusieurs années et transporté dans les plus lointaines régions, sans embarras et sans éprouver ni déchet ni aucun genre d’altération. 3°. Le jus exprimé du raisin devient par l’effet d’une fermentation artistement dirigée une liqueur tellement flatteuse au palais et si bien appropriée à la constitution des hommes, qu’il a été employé comme un appas irrésistible pour soumettre des nations invincibles par la force des armes, et que modérément employé, il est un des moyens les moins équi-