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culture du mélilot de Sibérie se rapproche infiniment de celle du trèfle ; il peut être semé dès l’automne, sur un seul labour, dans les terres meubles, profondes et de nature sèche ; mais dans les terres humides, il est plus sûr de ne le semer qu’au printemps. Ces derniers semis exigent deux labours ; la terre destinée à les recevoir doit être bien divisée avec la herse, et à plusieurs reprises. Les graines du mélilot étant plus petites que celles du trèfle, et la plante tallant davantage, nous estimons qu’il ne faut que la moitié de la quantité de graines qu’on emploie ordinairement pour semer un arpent de trèfle ; on peut même l’économiser davantage dans les terres fortes et humides, parce que les plantes y forment des touffes plus considérables. Les semis d’automne peuvent être fauchés quelquefois dès la mi-novembre ; après cela, au mois de mai suivant ; ensuite, au mois de juillet ; et pour la troisième fois, en septembre ; et lorsqu’il vient des pluies, et que le temps est doux pendant l’automne, on peut encore obtenir une quatrième coupe en novembre. Les trois premières peuvent être fanées pour faire des fourrages secs ; mais la dernière doit être donnée en verd aux bestiaux, parce que l’humidité de la saison ne permet pas de la faire sécher convenablement. Au moyen des coupes réglées à propos, où parvient à conserver cette plante en état de produire pendant plusieurs années. Nous en avons établi une petite culture qui est à la troisième année, (Thouin écrivoit ce mémoire en 1788), et qui est encore très-vigoureuse ; mais si on laisse fleurir la plante, et mûrir ses graines, elle s’appauvrit bientôt, et ne doit plus être considérée que comme bis-annuelle. Cette espèce de mélilot, cultivée seule, nous paroît plus productive que les différentes espèces de trèfle ; mais elle devient d’un rapport bien plus considérable, lorsqu’on la cultive avec la vesce de Sibérie. Ces deux plantes ont toutes les qualités qui peuvent en faire désirer la réunion. 1°. Elles ont le même terme de durée ; 2°. elles poussent en même-temps ; 3°. elles fleurissent et grainent dans la même saison ; 4°. leurs racines, dont les unes sont pivotantes et les autres traçantes, s’étendent à différentes profondeurs ; 5°. l’une produit un fourage très-délié et fort tendre, tandis que l’autre est plus substantielle et plus solide ; 6°. et enfin, la vertu échauffante de l’une est tempérée par la qualité aqueuse de l’autre ».

Nous saisissons ce moment pour communiquer au lecteur une observation que nous avons faite, relativement au mélilot de Sibérie, et qui peut être de quelque utilité. Nous nous procurâmes, il y a environ trois ans, quelques graines de cette plante. Elles furent semées au printemps, dans le voisinage d’un rocher. Nous attendîmes la seconde année pour laisser fleurir la plante, afin d’en obtenir la graine. Ses fleurs commencèrent à s’épanouir dans les premiers jours de juillet, et durèrent pendant les mois d’août et de septem-