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claires où ils égoutteroient & sécheroient promptement.

CHAPITRE XII.

Du choix des cocons pour graine, de l’accouplement des papillons & de la ponte.

Avant de vendre les cocons ou de les faire filer, il faut choisir sur la totalité, ceux dont on a besoin, afin d’avoir de la graine pour l’année suivante. Rapportez-vous-en à vous-même, vous serez toujours plus assurés de votre récolte, en suivant les procèdes que je vais indiquer, que si vous donnez votre confiance aux marchands. On compte communément une livre de cocons pour avoir une once de graine. Il arrive quelquefois qu’elle en donne plus, & d’autres fois moins : par conséquent, il ne faut pas être rigoureusement exact sur le poids, & en mettre un peu plus, afin de n’être pas trompé dans son calcul. Ainsi je crois, qu’en mettant un sixième ou un huitième au-dessus de la livre, on aura au moins une once de graine.

Il seroit à désirer qu’on pût distinguer parmi les cocons, ceux qui renferment les chrysalides qui donneront un papillon mâle ou femelle. Il y a des bonnes femmes qui prétendent avoir cette connoissance, & elles assurent que les cocons bien arrondis aux deux bouts donneront des femelles, & ceux qui sont un peu pointus, des mâles. Ces indices sont très-incertains. J’ai vu choisir des cocons très-arrondis, qui produisoient autant de papillons mâles que de femelles ; & quoiqu’on ait chaque année l’attention de ne prendre que des cocons bien arrondis, tantôt on a plus de mâles, tantôt plus de femelles. On est heureux, lorsqu’on a à-peu-près autant des uns que des autres. Pour avoir des connoissances un peu moins équivoques, des amateurs devroient observer la sortie des papillons, & examiner ensuite le cocon d’où ils sont sortis. En observant avec une attention très-scrupuleuse, la couleur & le tissu du cocon, peut-être pourroit-on acquérir des indices plus certains que ceux qu’on prétend avoir.

Dans le choix des cocons, il faut toujours prendre ceux des rames dont les vers ont été les plus hâtifs à monter. Cette promptitude à coconner, est une preuve qu’ils ont joui d’une bonne santé pendant tout le cours de leur éducation, ce qui est une présomption favorable pour la génération qu’ils donneront. Il est encore très-certain, qu’un ver qui a été paresseux dans ses mues, & dont la vie a été prolongée au-delà du cours ordinaire, a souffert : son cocon sera donc d’une qualité médiocre, & le papillon qui en sortira, moins vigoureux que si le ver eût été toujours bien portant. Par la même raison, il faut dédaigner les cocons des vers qu’on a mis dans des paniers, où ils ont été couverts & étouffés, pour les obliger à coconner. Il y a des habitans de campagne, peu éclairés, qui, par une économie mal entendue, prennent ces cocons pour avoir de la graine, de même que ceux qui sont tachés. Voici leur raisonnement. Ces cocons donneront des papillons comme les autres. Si nous les laissons dans le tas, ils dépareront notre récolte, & nous la vendrons moins. Mais ils