roient au premier tissu du cocon. 3°. Si les rameaux ou le chiendent sont terreux, il faut les laver à grande eau & les laisser sécher parfaitement. 4°. Dès que les vers à soie sont à la quatrième mue, il faut préparer la bruyère ou les rameaux, dont on aura besoin, afin de les avoir sous la main, lorsque les vers seront prêts à monter. Enfin comme c’est un ouvrage qu’il faut faire, on peut le commencer même plutôt, avant d’être trop pressé, soit pour cueillir la feuille, soit pour donner tous ses soins aux vers, qui en exigent beaucoup après la quatrième mue.
La meilleure manière de placer la bruyère pour recevoir les vers à soie, est de faire des cabanes, ou des voûtes sur les tablettes. Voici comment on y procède. On dispose les rameaux en petits paquets, & on les place près à près les uns des autres, en appuyant le pied sur la tablette inférieure, & en pliant le sommet en forme de demi-ceintre au-dessous de la tablette supérieure, comme s’il s’agissoit de la soutenir. Le côté opposé étant garni de même, l’ensemble formera une voûte, qu’on nomme avec raison cabane. Le bas de la voûte doit être étroit, le milieu s’élargit à mesure que le sommet s’étend. Qu’on se représente plusieurs voûtes en maçonnerie, jointes ensemble par leurs côtés, on aura une idée parfaite des cabanes.
L’ouverture des cabanes doit être du côté de la largeur des tablettes, c’est-à-dire, qu’il faut les construire suivant la largeur, & non pas suivant la longueur. Par cette disposition le service est plus facile ; on peut placer les vers dans toute la longueur de la voûte, ce qu’on ne pourroit pas faire, si elles étoient disposées différemment ; & le courant d’air est bien ménagé. Les rameaux formant la voûte seront espacés de manière que le ver puisse pénétrer sans peine entre les brins, afin qu’ayant tous les points d’appui nécessaires, il puisse se placer sans peine où il veut, & y attacher les premiers supports de son cocon. Sans cette précaution il n’y auroit que le devant des cabanes bien garni.
Lorsqu’on ne veut pas être surpris par la montée, on a la précaution d’avoir à l’avance deux tablettes disposées en cabanes. On travaille aux autres avec moins de précipitation. On porte les vers hâtifs dans ces premières cabanes, & les tablettes sur lesquelles ils étoient, sont tout de suite disposées comme les premières.
Il faut être bien attentif de ne porter les vers à la cabane, qu’au moment où ils sont disposés à monter. Sans cette précaution il faudroit leur donner de la feuille pour les nourrir, & changer la litière, dont la putréfaction seroit plus prompte & plus funeste dans un espace très-resserré. Il est nécessaire d’avoir la même attention pour les vers qui ne mangent plus, & qui ne demandent qu’à faire leur cocon. Il ne faut pas les laisser errer sur les tables ; ils perdent beaucoup de soie en cherchant à s’amarrer, & ils s’épuisent. Dans cet état, ils sont incapables de faire un bon cocon : quelquefois leur corps épuisé se métamorphose en chrysalide sans faire de cocon.