qui est blafarde. Ils reprennent leur couleur naturelle, soit après le bain, soit après que l’air a été renouvelé. On ne craint pas la touffe dans un atelier bien construit & armé de conducteurs. En général, toutes les fois qu’on peut renouveler l’air promptement & avec facilité, qu’on tient les vers avec propreté, qu’on ne les laisse pas sur une litière échauffée, on ne doit pas craindre qu’ils éprouvent la touffe.
CHAPITRE IX.
De la montée des vers à soie.
Section Première.
De l’époque où le ver est prêt à faire son cocon.
Sur les derniers jours de la brisse, la longueur du corps du ver à soie, est depuis trente-six lignes environ jusqu’à quarante ou quarante-deux. Il est si plein que sa peau n’est plus susceptible d’extension. Sa grande faim est tellement rassasiée qu’il dédaigne la meilleure feuille. Sa couleur devient claire & transparente ; ce changement s’opère d’abord aux anneaux près de la tête, & ainsi de suite jusqu’à l’extrémité de son corps. Cette transparence est occasionnée par l’expulsion successive des alimens, qui, à cette époque, diffèrent en couleur & en consistance, de ceux des autres âges : ils sont verdâtres & mous. L’insecte ainsi vidé n’a plus la même grosseur. Lorsqu’il est parvenu à cet état, les éducateurs disent qu’il est mûr, ou qu’il est tourné. Dans cet état il est plus alerte, il se met a courir de côté & d’autre, il gagne le bord des tablettes ; & quand on ne le surveille pas, il grimpe par les montans & va chercher à faire son cocon, ou dans la partie inférieure de la tablette supérieure, ou au plancher, ou dans l’encoignure des murs ; enfin dans l’endroit qu’il trouve le plus convenable. À cette époque, on peut voir le brin de soie sortir de sa filière ; il en laisse des traces par tout où il passe. Lorsqu’il est arrivé à ce point, il faut sans plus tarder le placer au pied de la bruyère où l’on veut qu’il monte. Il ne tardera pas à grimper, à s’amarrer, & à s’ensevelir dans son cocon, d’où il ne sortira plus qu’après s’être transformé en papillon.
Section II.
Manière de disposer les tables pour recevoir les vers prêts à coconner.
Pour faire coconner les vers à soie, on se sert communément de bruyère, parce qu’elle est commune. On peut employer de même toutes sortes d’arbrisseaux, ou de rameaux, même les pieds de lavande, si commune sur les montagnes, & le chiendent. De quelque espèce que soient les rameaux qu’on veut employer, il faut 1°. qu’ils soient très-secs. Pour cet effet, on les coupe d’avance afin qu’ils ayent le temps de sécher étant exposés à l’air & au soleil. Si cela ne suffisoit pas & qu’on fût pressé, on les passeroit au four, après en avoir sorti le pain. 2°. Lorsqu’ils sont bien secs, on les bat, on les secoue pour les dépouiller de toutes leurs feuilles qui embarasseroient le ver dans son travail, ou se mêle-