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L’éducation des vers à soie n’exige pas à cette époque d’autres soins que ceux qu’on a déja pris. Comme ils occupent encore peu d’espace, on peut les garder dans l’infirmerie, mais toujours sur des claies numérotées, par les raisons que j’en ai données. On aura soin que tous les vers d’égale force soient ensemble. C’est le cas de faire avancer les derniers afin qu’ils atteignent les premiers. J’ai déja indiqué le moyen qu’il faut prendre, qui consiste à devancer les repas des derniers, & même à leur en donner un de plus, dans la journée. Tout cela doit être combiné avec le degré de chaleur. Cette attention ne paroîtra pas minutieuse aux éducateurs intelligens, qui comprennent combien il est important que tous les vers marchent d’un pas égal vers le terme de leur carrière, qui est la montée ou le coconnage. Quand on a des vers de plusieurs couvées, ou qui ne muent pas dans le même temps, c’est un embarras très-considérable. Je le répète encore, faites, à cet âge, tout votre possible pour que tous les vers de la même couvée muent en même temps.

Il faut continuer à donner de la feuille tendre, & même la hacher, si elle est forte, surtout à l’approche de la seconde mue.

Section IV.

Du troisième âge, depuis la fin de la seconde mue, Jusqu’à la fin de la troisième.

Ne cessez pas d’égaliser les vers après la levée, comme il a été dit. Ils ont fait beaucoup de progrès, car la longueur de leur corps est de dix à douze lignes. Au second jour après la mue, la couleur de leur peau est plus claire & devient un peu blanche. On peut connoître à cet âge, par la couleur des pattes, quelle sera celle du cocon. Si elles sont blanches, le cocon le sera aussi, & si elles sont jaunes, il sera jaune. Les vers commencent à cette époque à consommer beaucoup plus de feuilles que dans l’âge précédent : on aura attention que les données soient plus fortes ; mais on observera toujours dans toutes les données de ne pas répandre la feuille trop épais, sous prétexte que les vers mangent beaucoup. Il vaudroit mieux faire une donnée de plus. Le ver dédaigne la feuille piétinée & échauffée ; s’il ne la mange pas, elle épaissit la litière. J’ai déja dit combien il en résultoit d’inconvéniens.

À cette époque, on met les vers sur les tablettes, en suivant le numéro des claies. Si on n’a pas réussi à les égaliser par les procèdes que j’ai indiqués, il faut toujours essayer d’en venir à bout, dans l’espérance qu’on réussira au moins à la quatrième mue. L’étendue de la surface des tablettes, doit être proportionnée a la quantité de vers. Ceux qui proviennent d’une once de graine, doivent par la suite occuper un espace de soixante pieds carrés, lorsque l’éducation réussit. Il est bien rare qu’on leur accorde autant d’espace. Cependant l’expérience prouve, que plus ils sont resserrés, plus il en meurt, & la raison en est évidente : ceux qui languissent & qui se remettroient s’ils étoient à l’aise, sont étouffés ; ceux qui survivent deviennent malades,