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cette maladie, est communément peu considérable ; elle se manifeste après les mues, mais plus ordinairement après la quatrième ; elle ne provient pas d’un défaut dans la couvée, comme quelques-uns le prétendent ; il faut plutôt en attribuer la cause à quelque défectuosité dans l’accouplement & dans la ponte : les vers, attaqués de cette maladie, mangent comme les autres & font les mêmes progrès en longueur, & non pas en grosseur. Cette maladie se manifeste par la couleur du ver qui devient d’un rouge clair & ensuite d’un blanc sale. En l’observant avec attention, on s’appercevra qu’il laisse tomber, par ses filières, une goutte d’eau visqueuse, & que son corps est transparent ; ce qui l’a fait nommer luzette, nom vulgairement donné à ces insectes qui répandent de la lumière pendant la nuit. Dès qu’on découvre des luzettes dans les tables, il faut les jeter ; ces vers mangent la feuille, sans qu’on puisse attendre qu’ils feront un cocon.

Après la quatrième mue, on trouve quelquefois des luzettes disposées à faire un cocon ; elles se donnent beaucoup de mouvement & vont de côté & d’autre pour trouver à se placer. Il ne faut pas attendre qu’elles s’épuisent par leurs courses & qu’elles perdent toute leur soie ; puisqu’elles sont arrivées à ce point, il faut en profiter : pour cet effet, on les place dans des paniers où il y a des branchages secs.

Section VI.

Des dragées.

Ce n’est point une maladie du ver à soie, puisque son cocon est fait lorsqu’on le nomme dragée. Un cocon dragée ne renferme pas une chrysalide, mais un ver raccourci & blanc comme une dragée. Voilà d’où provient cette dénomination. Si le ver, après avoir fait son cocon, n’a pas pu se transformer en chrysalide, c’est une preuve qu’il a souffert. Mais quelle est cette espèce de maladie ? personne n’a pu encore la désigner. On trouve des éducations entières, dont tous les cocons sont dragées en très-grande partie. Au surplus il ne faut pas s’en affliger ; la soie de ces cocons est d’une aussi bonne qualité que celle des autres. On n’éprouve de la perte qu’en vendant les cocons, parce qu’ils sont très-légers : mais si on les fait filer à son profit, on sera au pair. On connoît un cocon dragée en l’agitant. Le ver desséché & renfermé fait un bruit sec, que les autres cocons ne rendent pas.

Section VII.

Des maladies occasionnées par la qualité de la feuille.

1°. Du miellat. (consultez ce mot) Sur le mûrier, le miellat est une sécrétion gommeuse un peu âcre. La feuille miellée occasionne aux vers des purgations qui les rendent foibles & languissans. Si cette sécrétion est abondante sur les feuilles, elle s’oppose à la transpiration, en se collant aux ouvertures des stigmates ; & les vers en périssent, sur-tout à l’approche des mues, parce qu’ils n’ont pas la force de se dépouiller de l’ancienne peau. D’ailleurs, quand ils n’éprouveroient pas la difficulté de respirer, ni de changer de peau, il est toujours