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vulgairement casignons, parce qu’ils sont mous & mal tissus.

La rouge est occasionnée par deux causes : 1°. par la trop grande chaleur que l’œuf a éprouvée pendant l’incubation, qui a desséché la partie fluide ou l’humeur visqueuse renfermée dans la coque, qui devoit servir de nourriture au germe : en étant privé, le ver est sorti foible, malade, enfin mal constitué pour avoir souffert. 2°. Par le passage subit du froid au chaud, ou du chaud au froid. Le moyen de prévenir cette maladie, est donc d’en détruire la cause, & certainement il est très-facile. Que la graine soit toujours au même degré de chaleur ; & s’il est nécessaire de l’augmenter, comme il peut arriver suivant les circonstances, dont j’ai parlé plus haut, il faut que l’augmentation soit graduelle, & non pas précipitée.

Lorsque la couvée est infectée de cette maladie, on ne doit en attendre aucun succès. Le meilleur expédient, est de la jeter, & de se procurer de la nouvelle graine. Tous les soins qu’on prendroit des vers seroient en pure perte. Au reste, lorsqu’on ménage la chaleur, comme je l’ai prescrit, cette maladie ne peut pas avoir lieu. Sur toute la couvée, on peut trouver quelques vers, & c’est-là un petit accident auquel on doit s’attendre, même en prenant les précautions les plus exactes & les plus rigoureuses.

Section II.

Des vaches, ou gras, ou jaunes.

Quelques Auteurs divisent cette maladie en trois classes ; mais les caractères spécifiques qu’ils en donnent ne me paroissent point assez prononcés pour être de leur sentiment. Il se peut faire, que la variété des noms, pour la même maladie, suivant les différens cantons, soit la cause de cette distinction en trois classes. J’avoue que dans un pays elle peut présenter des circonstances qu’on n’appercevra pas dans un autre. Malgré cela, je persiste à croire que cette maladie est la même, à quelques modifications près, insuffisantes pour lui donner un caractère qui la différencie essentiellement.

Voici quels sont les véritables caractères de cette maladie ; 1°. la tête du ver est enflée : 2°. la peau qui recouvre ses anneaux a le luisant d’un vernis ; 3°. les anneaux sont gonflés ; 4°. la circonférence de l’ouverture des stigmates est d’un jaune plus ou moins foncé ; 5°. le ver donne une eau jaune, qui paroît telle sur la feuille.

Cette maladie se manifeste communément à la seconde mue ; elle est rare aux autres, & plus encore à la quatrième.

M. Constant du Castelet, un des premiers & des meilleurs écrivains sur l’éducation des vers à soie, dit « que cette maladie est occasionnée par une eau visqueuse & acide, qui pénètre les deux ampoules ou sacs que les vers ont aux flancs, & qui étant mêlée avec la gomme, dont ils doivent former leur fil, s’oppose à la perfection de la cuite de cette même gomme, & cause à toutes les parties de l’insecte une tension générale qui lui fait alonger les pieds : bientôt après il devient mou, ensuite il se raccourcit & crève sur la litière. L’humeur âcre qui en sort tue tout autant de vers qu’elle en