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5°. Des thermomètres. (Consultez ce mot) Il est bon d’en avoir plusieurs, soit à liqueur colorée, soit au mercure. Il faut s’en procurer qui soient terminés en spirale plutôt qu’en boule, & dont les graduations soient bien espacées. Ceux dont la base est en spirale, sont très-sensibles à la plus légère impression de chaleur ou de froid ; les points de graduation n’étant pas trop rapprochés, ils sont plus aisés à distinguer. Le nommé Assier-Perica, à Paris, fait très-bien les thermomètres à spirale.

Section V.

Du local destiné à la première éducation.

Il faut un certain degré de chaleur dans l’atmosphère, pour que l’œuf du ver à soie éclose sans le secours de l’art. Comme il est nécessaire de nourrir le jeune ver avec de la feuille tendre, il faut recourir à l’art, & procurer à la couvée une chaleur artificielle à un degré convenable, pour faire éclore les œufs dans le même temps. Afin d’éviter la dépense du bois & du charbon, on aura un endroit peu spacieux, facile à échauffer, & dans lequel on puisse renouveler l’air à volonté.

Le local destiné à la première éducation, n’exige pas la disposition d’un atelier en règle, tel qu’il vient d’être décrit : cet ordre de tablettes est inutile, puisqu’on tient les vers sur des claies jusqu’après la première mue, & même la seconde, si l’éducation n’est pas forte. On peut donc les faire éclore dans l’infirmerie, & les y garder jusqu’après la première ou seconde mue. Nous allons parler de ce local.

Section VI.

De l’infirmerie pour les vers malades.

C’est un lieu destiné à loger les vers malades ou trop foibles, après leur mue. Je regarde cette précaution comme très-importante. Les vers qu’on nomme traînards, parce qu’ils sont foibles, restent presque toujours ensevelis sous les feuilles, où ils périssent étouffés par le mauvais air qui y est concentré. Tant qu’ils vivent, ils sont incommodés par l’agitation de ceux qui sont vigoureux, & qui ne leur laissent que les côtes des feuilles. Dans les épidémies, le bon sens prescrit de séparer les malades de ceux qui se portent bien, si l’on ne veut pas tout perdre. Dans tous les cas l’infirmerie est démontrée nécessaire. À cet objet de salubrité se réunit une économie réelle : car, ou il faut jeter les vers malades ou traînards, afin qu’ils ne consomment pas la feuille inutilement ; ou les placer à l’extrémité des tables pour les faire vivre.

Si les vers placés au bout des tables viennent à mourir, ils nuiront aux autres par la putréfaction de leurs corps. Les ouvriers ont beau être vigilans & soigneux, il y aura toujours du danger, parce qu’un ver malade vicie lui-même l’air pendant qu’il vit, à plus forte raison dès qu’il est mort, surtout dans un endroit chaud. Ainsi le meilleur moyen, est de les séparer absolument des autres, aussitôt qu’on soupçonne qu’ils languissent.

Une infirmerie doit être en petit, un atelier tel qu’on l’a décrit : il suffit d’y avoir un petit nombre de