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aux intestins, par l’enduit qu’elles y formoient, le moyen de les chasser avec les autres liqueurs : les amers ont donné aux sucs gastriques une pureté & une activité qui a diminué les mauvais effets de ces ennemis ; aux entrailles une action qui a pu surmonter celles qu’ils pouvoient produire : quant aux purgatifs mis en usage, & par leurs effets & par leur nature, ils doivent fatiguer ces insectes & les entraîner souvent.

Les succès constans de l’huile empyreumatique, la facilité de la faire prendre aux animaux, peu inquiets sur le dégoût qu’ils en éprouvent momentanément, puisque leur appétit n’en diminue même pas, & qu’elle ne produit du reste aucun effet nuisible lorsqu’elle est donnée à dose convenable, sont des motifs assez puissans pour nous engager à préférer ce remède à toutes les préparations employées jusqu’à présent ; nous croyons, par conséquent, inutile de détailler toutes les méthodes qui ont précédé celles-ci, & nous nous bornons à faire quelques remarques sur l’usage de l’huile empyreumatique, pour mettre en règle de pratique ce qui est dit dans les observations rapportées.

SECTION IX.

Traitement des maladies essentiellement vermineuses.

Si vous soupçonnez des vers dans un cheval, de quelque espèce qu’il soit, mettez-le à la diète pour laisser vider son estomac & ses intestins, & faciliter l’action du remède ; abreuvez-le souvent, donnez-lui peu de foin & d’avoine, point de son. Donnez quelques lavemens d’eau chaude & faites prendre deux ou trois heures après ce régime, l’huile empyreumatique, à la dose de quatre gros pour un bidet, d’une once pour un cheval de moyenne taille, & d’une once & demie à deux onces pour le cheval de la plus forte espèce ; donnez ce médicament le matin, l’animal étant à jeun, & n’ayant pas eu à souper la veille. Vous étendrez cette huile dans une corne d’infusion de sariette (à son défaut on peut se servir de thym, d’hysope, de serpolet, ou d’autres plantes aromatiques,) & agiterez fortement ces deux liqueurs pour que le mélange soit exact ; vous ferez prendre deux ou trois cornées de cette infusion par-dessus pour rincer la bouche de cet animal ; vous le laisserez sans manger une espace de quatre à cinq heures, & ne lui donnerez sa ration d’avoine, ou de foin ou de paille, qu’après qu’il aura rendu le lavement d’eau miellée que vous lui aurez administré trois heures après l’huile empyreumatique ; si ce lavement restoit sans effet, administrez-en un second, & même un troisième.

Répétez ce traitement avec les mêmes précautions neuf à dix jours de suite, remettez alors les animaux à la nourriture & au travail ordinaire, car il est bon de les laisser reposer pendant ce traitement ; si néanmoins vous ne pouvez vous dispenser de les faire travailler, employez-les ; mais observez une diète moins sévère, & continuez plus longtemps l’usage du remède.

Il est des chevaux qui se refusent à l’administration de tous breuvages quelconques : ils se gendarment, se fatiguent & se tourmentent plus ou