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tion qui avoit sa source dans l’existence de ces insectes meurtriers, ce qui a déterminé les propriétaires à s’en défaire ; d’où l’on peut induire le nombre considérable de poulains que font périr tous les ans les maladies vermineuses dont on ne soupçonne pas l’existence : les animaux à la mamelle n’en sont donc pas plus exempts que les adultes ?

La nature est une espèce de cahos vivant, dans lequel une foule d’insectes dépose des œufs ; les uns sont dans l’air même que nous respirons, d’autres dans les boissons & sur les alimens dont nous faisons usage ; mais nous détruisons ceux-ci par l’action du feu, & les substances qui nourrissent les animaux, ne la subissent pas ; voilà sans doute pourquoi ils sont plus sujets aux vers que l’homme, ce que nous avons observé précédemment. La plus grande partie des plantes est couverte d’indectes, & nous avons vu que les années pluvieuses sont celles où elles en sont le plus souillées, il en résulte des épizooties qui ont infiniment d’analogie avec les maladies vermineuses, & cela arrive principalement dans les printems qui suivent les hivers doux, sur-tout dans les sujets d’une tissure molle & aqueuses, tandis que ceux d’un tempérament bilieux & irritable, éprouvent plutôt dans la même occurrence, des maladies charbonneuses, des fièvres ardentes, malignes, &c. ce qui prouve encore que l’évolution des vers exige toujours une syncrasie ou une disposition particulière dans les sucs ou les humeurs de l’animal.

SECTION VIII.

Expériences faites sur les Vers.

Avant que de passer aux expériences faites sur les vers, nous envisagerons les maladies vermineuses relativement à leurs traitement, sous trois aspects ; ces maladies sont en effet ou essentielles, ou symptomatiques, ou compliquées, les maladies essentiellement vermineuses, sont celles dans lesquelles la présence des vers constitue essentiellement la maladie ; ainsi les œstres renfermés dans les sinus frontaux des moutons, formeront une maladie essentiellement vermineuse ; les convulsions et les vertiges, auxquels les œstres donnent lieu, ne sont que des accidens ou des symptômes de la maladie ; ôtez ou détruisez les vers, ces accidens cesseront, et l’animal sera rétabli ; il en sera de même de ceux enfermés dans les pustules du roux-vieux, sous les cornes des bœufs, dans les sabots, la fourchette & autres ulcères extérieurs. Nous rangerons encore dans cette classe les crinons trouvés dans les gros intestins des chevaux, ces insectes ne prospèrent qu’autant qu’il se joint dans les sucs des humeurs des sujets, des vices qui en altèrent la texture, tels que le farcin & autres maux de ce genre ; alors les vers de toute espèce se développant, l’animal tombe dans la cachexie, & la maladie vermineuse devient absolument symptomatique. Les œstres renfermés dans l’estomac et dans les intestins, qui sortent par l’anus, sans autre symptôme maladif que ceux de leur existence, doivent être regardé comme constituant une