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Spiggelius prétend que lorsque le ténia est une fois hors du corps il ne se reproduit plus ; nous avons des exemples du contraire dans deux chiens qui en ont été guéris aussi parfaitement qu’ils pouvoient l’être, & qui en ont été encore affectés, l’un quinze, & l’autre dix-huit mois après ; il y a plusieurs exemples de pareils faits dans l’homme. On pourra dire, pour justifier l’opinion de Spiggelius, que ces malades n’en avoient pas été parfaitement délivrés, que le ténia se reproduit de ses propres débris, ou que des animalcules de ces vers en ont produit d’autres ; mais nous dirons avec vérité qu’un chien nouvellement guéri du ténia, ayant été sacrifié à notre curiosité, les recherches & l’examen les plus exacts n’ont pu nous faire découvrir le plus léger vestige de cet insecte.

On voit, par la lettre de Vallisnieri à M. Leclerc, que des vers ronds & longs ont été trouvés dans le veau, & que la chair de ces animaux en avoit contracté un goût très-désagréable ; les veaux sont assez sujets aux strongles ; mais nous n’avons jamais vu que ces insectes aient porté la moindre altération au goût que la viande devoit avoir. Il en est de même du cochon, il est très-sujet aux strongles, aux ascarides, & aux ténia, ses entrailles en sont quelquefois farcies ; mais la chair n’en est point altérée.

Méri Korcking, Wolff, en ont vu dans les reins d’un chien, nous n’en avons jamais trouvé que dans le rein gauche d’une jument ; ce viscère étoit gorgé, suppuré, & d’un volume énorme ; le ver étoit blanc, assez gros, & long, c’étoit un véritable strongle.

La rate semble être jusqu’à présent le viscère qui en ait été exempt ; nous en avons vu sur sa surface, mais jamais dans sa substance ; ces vers étoient des crinons, & tous les autres viscères en étoient alors plus ou moins couverts.

Vidus dit en avoir trouvé dans le péricarde & dans le cœur.

Baglivi en a trouvé également dans le cœur. Nous avons vu les crinons ramper sur la surface de ces viscères, de même que sur ceux du bas-ventre & de la poitrine, dans l’intérieur des bronches, dans des abcès formés dans la substance pulmonaire, dans celle des intestins & de l’estomac ; les crinons, au surplus, pouvant suivre avec le sang tous les détours de la circulation, peuvent se trouver par-tout.

Mathiole parle de vers qu’il a trouvés dans la tête du cerf ; nous n’en avons observés que dans les sinus frontaux & dans le larynx : ils étoient les mêmes que ceux qui affectent les sinus des moutons.

C’est sans doute de ce même ver que parle Paracelse, qui s’engendre, dit-il, dans le cerveau des chevaux & les rend furieux ; les maréchaux l’appelle ver-coquin & ver-sequin, ils croient qu’il occasionne le vertigo, maladie dont les chevaux sont fréquemment atteints ; ils supposent que cet insecte vient de la queue, qu’il suit la moëlle alongée, & que c’est lors de son entrée dans le cerveau qu’il suscite les convulsions qui constituent la maladie ; d’âpres l’idée qu’ils s’en sont formés, il se hâtent de perforer, avec un fer chaud, la partie supérieure & antérieure de l’encolure, entre le ligament cervical & la nuque ; cette opération dictée par