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lés, ils sont si près de l’articulation, qu’ils se confondent avec elle ; nous en avons conservé dans l’esprit-de-vin, en qui on ne les voit pas.

La forme de leur tête varie, la plûpart l’ont globuleuse, semblable à un petit pois de vesce, ayant quatre ouvertures bien distinctes, également distantes & séparées les unes des autres par une dépression cruciale ; la partie postérieure est séparée du cou par un replis circulaire assez profond, qui fait l’office d’une cravate ; on peut croire que ces quatre ouvertures sont autant de bouches ou suçoirs qui servent à pomper les sucs qui alimentent ce ver, & desquels il peut faire usage, quelle que soit sa position ; d’autres plus étroits & plus longs, portent à la partie antérieure un hiatus, espèce de suçoir ou de bouche, à la faveur de laquelle ils tirent les sucs ; en arrière de ce globule ou tête est un cou très-étroit & très-grêle, sa longueur varie de trois à douze pouces ; cette partie est très-mobile & beaucoup plus que le reste du corps de l’insecte ; les mouvemens en sont latéraux, les articulations se ferment du côté que l’insecte plie, & s’ouvre du côté opposé ; ses plis ont lieu de droite à gauche, & de gauche à droite, & c’est en s’ouvrant que le ver se porte en avant ou en arrière, mais principalement en avant. Ils ont encore deux autres mouvemens, ceux-ci sont plus forts, ils ont lieu de haut en bas, & de bas en haut, suivant la direction aplatie de ce ver ; c’est une véritable ondulation, à la faveur de laquelle l’insecte avance ou rétrograde ; du reste, on ne peut bien voir ces mouvemens que dans les vers tirés des cadavres chauds ou des corps vivans : nous avons vu un de ces ténia se replier sur soi-même, & appliquer ces quatre suçoirs sur une partie de son corps, avec tant de force, qu’il en eût fallu moins pour le rompre que pour lui faire quitter prise ; ayant été mis dans de l’eau tiède, il s’est épanoui & étendu, au point de s’allonger du quadruple ; il se déployait & rentroit en lui-même avec une facilite étonnante ; d’où l’on peut juger de la contractilité de cet insecte, & des effets douloureux qu’il doit produire dans les corps qui le recèlent ; la tête nous a semblé plus régulièrement dirigée du côté de l’estomac des animaux. Quelques têtes de ténia ont présenté deux yeux & une trompe dans le milieu, elles étoient moins volumineuses que celles des précédens ; nous en avons vu encore qui avoient deux cornes, & d’autres qui s’épanouissoient sur les matières fécales, ou sur la membrane interne des intestins en forme d’éventail ; cet épanouissement s’est montré rayonnant, ayant des cannelures ou sillons rassemblés du côté du cou, & très divisés & épanouis du côté opposé ; la grosseur de la tête de ces insectes suit assez les dimensions du cou ; plus cette partie est grêle & allongée, plus la tête est petite, & vice versa. Les ténia très-larges ont ordinairement un cou court & une tête assez grosse ; l’autre extrémité où la queue est moins large que le corps, se montre dans la plupart coupée obliquement de chaque côté, pour former une pointe plus ou moins alongée, ce qui peut dépendre du plus ou du moins d’extension, ou de raccourcissement de cette partie ; elle a beaucoup de mouvement & peut être prise pour la tête de l’in-