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quelquefois marbrés, & rarement noirâtres ; les crochets sont de même forme, mais moins longs ; l’anus est absolument différent, en ce qu’il présente deux petits mamelons noirs, percés d’un orifice & enfermés dans une sorte de sphincter, qui se resserre & se dilate à la volonté de l’insecte ; la peau de cet animal présente un grand nombre de petits points glanduleux, assez semblables au chagrin ; ces insectes, au surplus, sont beaucoup plus agiles que ceux renfermés dans l’estomac du cheval.

Les œstres déposés dans l’intestin du cheval, du mulet & de l’âne, gagnent l’estomac, & ce lieu paroît être celui qui leur plaît le plus, ou du moins l’estomac, & sur-tout la tunique épidermoïde, sont celles des parties où on en trouve davantage, & qui souffrent le plus de leurs ravages. Une des extrémités de l’œstre est armée de deux crochets, dont la base est au centre de la bouche, si l’on peut s’exprimer ainsi, & dont les deux pointes diamétralement opposées l’une à l’autre, font l’effet d’un hameçon, & ne peuvent sortir sans dilacération de la partie dans laquelle ils sont implantés, lorsqu’on veut les en retirer ; ils y restent même attachés après leur mort & celle de l’animal, ils y sont souvent engagés de trois à cinq lignes de profondeur, au moyen d’un trou rond qu’ils ont pratiqué ; plusieurs percent les tuniques du ventricule. Cette profondeur de trois à cinq lignes dans une épaisseur qui n’a pas cette étendue, pourroit paroître exagérée, mais elle ne le paroîtra plus, si on réfléchit que l’enfoncement formé par l’œstre, cause une tuméfaction dans l’épaisseur des membranes, & que la tunique interne fait au bord de chaque cavité, formée par cet insecte, une aréole relevée, qui résulte de l’état maladif dans lequel elle est.

Les œstres déposés dans les fosses nasales du mouton, se logent de préférence dans les sinus frontaux ; ils s’introduisent dans l’épaisseur de la membrane pituitaire, & le plus souvent sous la tunique même, c’est-à-dire entre cette membrane & les parois osseux. Lorsque ces larves ont acquis toute la force qu’elles doivent avoir, & qu’elles ne trouvent pas une nourriture assez abondante, ou qu’elles sont gênées dans leur logement, elles déchirent la membrane qui leur servoit en quelque sorte de cocon, & c’est ce déchirement qui occasionne les convulsions & autres maux dont alors les moutons sont atteints.

Ceux déposés dans les fosses nasales des grands animaux, font moins de ravages, soit parce que pouvant sortir plus aisément, leur émission est moins meurtrière, ou que le lieu qu’ils habitent est moins irritable ; ce lieu est le plus souvent les enfoncemens ou les espèces de poches remarquables de chaque côté dans l’intérieur du larynx.

Il est d’autres œstres qui sont le produit des mouches, à peu près semblables à celles des intestins des chevaux, dont le vol est bruyant, ce qui les a fait prendre pour des bourdons ; mais elles n’en sont point, puisqu’elles n’ont que deux ailes, & qu’elles sont beaucoup plus petites ; elles se posent sur la peau des bêtes à cornes, des mulets & des chevaux, ainsi que sur celle des cerfs & des daims, &c. Elles écartent le poil, incisent le cuir, au moyen d’un dard