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mal ? il faut employer les dessiccatifs absorbans, qui imitant l’action des substances astringentes, ont le double pouvoir de raffermir les vaisseaux, & en s’abreuvant d’une partie de la sérosité, d’en épaissir l’autre portion restante. Ces médicamens, dont on fait le plus souvent usage sous une forme sèche, c’est-à-dire, en poudre, sont ceux dont nous avons déja parlé, article XI, & auxquels on peut joindre la tutie, la pierre calaminaire, le pompholix, la céruse, le minium, le sel de Saturne, son beurre, &c. mais le plus souvent la charpie seule, brute ou râpée, suffit pour remplir ces vues.

Les fibres cutanées pèchent-elles par trop de rigidité, & cette rigidité est-elle prouvée par la peine & par la difficulté que les bords de la cicatrice ont à se rapprocher, malgré la bonté du fond de l’ulcère ? il faut recourir aux dessiccatifs adoucissans ; c’est-à-dire, à ceux que l’on mêle à des substances grasses, & d’où résultent des onguens, des pommades dessiccatives, l’effet des graisses étant de relâcher insensiblement les solides, & d’en modifier la tension, tandis que celui des matières qui dessèchent est d’agir toujours sur le gluten, tels sont l’onguent rosat, de tutie, de pompholix, l’album phasis, le cérat de diapalme, celui de Galien, le dessicatif rouge.

Enfin, par un événement diamétralement contraire, ces mêmes fibres sont-elles dans le relâchement & dans l’inertie ? les bords de l’ulcère sont-ils mols, & les principes de la cicatrice n’ont-ils que très-peu de solidité ? cette circonstance exige des substances balsamiques & fortifiantes ; telles que le baume dur du Pérou, la myrrhe, l’aloës, leur teinture, l’alun, l’eau de chaux, l’eau vulnéraire, l’eau de Rebel, le baume du Commandeur, celui de Fioraventi, &c.

XVI.

Dans de simples excoriations, on peut faire valoir sur-le-champ les dessiccatifs animés, tels que l’eau vulnéraire, pourvu que l’air n’ait point encore produit une crispation & un engorgement des petits canaux ouverts ; car alors il donneroit lien à une tension, à une inflammation, à une suppuration véritable, & les dessiccatifs adoucissans seroient à préférer ; ils garantiront ces mêmes canaux, ainsi que les houpes nerveuses, de toute impression fâcheuse, & ils les maintiendront dans une souplesse qui, favorisant l’écoulement des sucs les plus déliés, leur permettra de former, avec les fibres cutanées qui se prolongeront, une cicatrice superficielle.

XVII.

Tous les dessiccatifs nuisent en général, si l’emploi en est prématuré ; ils retardent l’ouvrage de la nature ; ils s’opposent à la végétation des chairs ; ils causent une induration dans les bords, à la surface des ulcères ou dans les sinuosités qui peuvent y être, par le dessèchement précipité qu’ils occasionnent.

On doit de plus en user avec précaution dans les dépôts critiques ; il seroit infiniment dangereux de supprimer trop à la hâte un reste de suppuration qui pourroit encore être utile. Ce précepte n’est pas moins essentiel en ce qui concerne les irruptions cutanées, d’où suinte une humeur âcre & corrosive, telle