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aura rassemblé en peu de mots ce qui peut altérer, embarrasser le fond d’un ulcère, & éloigner tous les moyens de régénérer & réunir.

XI.

Telles sont donc les différentes conditions de ce qu’on appelle détersion, que pour y parvenir on est astreint, 1°. ou à dissoudre & à atténuer la matière épaisse & glutineuse, sur laquelle les vaisseaux n’ont point d’action ; 2°. ou à borner l’affluence d’une humeur trop séreuse qui, les jetant dans l’affoiblissement, fait éclore des chairs fongueuses, mollasses, baveuses & superflues ; 3°. ou à accélérer la chûte du débris informe que nous offrent des solides rompus, lâches, affaissés & privés de la vie ; 4°, ou à résilier à l’action des causes putrides, à la prévenir & à en préserver les liqueurs.

XII.

Le premier objet sera rempli au moyen de l’emploi raisonné des liquides plus ou moins animés, selon le besoin & la nécessité d’inviter les solides à se délivrer de la matière qui peut occuper leurs extrémités, ou de délayer & de dissoudre seulement celle qui séjourne & qui s’arrête à leur superficie.

Les détersifs dont on obtiendra les effets, sont les décoctions de feuilles d’absinthe, d’aigremoine, d’arum, de bardanne, de bétoine, d’iris, de marrube, de menthe, de millefeuille, de nicotine, de noyer, d’orties, de ronces, de scordium, l’eau de chaux, l’eau alumineuse, les eaux minérales de Vals, de Plombières, de Bourbon, de Barrège, de Balaruc, l’eau de la mer, l’urine, l’oxycrat, la lessive de cendre de sarmens, l’eau d’arquebusade, &c. On en fait des injections, des lotions, des fomentations.

On satisfera à la seconde indication, par l’usage des substances plutôt accidentellement que proprement détersives, c’est-à-dire, par le secours de celles que l’on tire de la classe des absorbantes ou des dessicatives ; celles-ci s’abreuvant & s’imbibant d’une part de l’humidité surabondante, & restreignant, resserrant & crispant de l’autre, attendu leur septicité naturelle, les fibres & les vaisseaux, de manière à les fortifier contre le nouvel abord de ce suc nuisible & superflu. Ces substances sont la charpie sèche, l’aloës, la litharge, le mastic, l’os de sèche, la colophane, &c. on s’en sert sous la forme de poudre.

La troisième indication, c’est-à dire, la séparation des débris de la suppuration, sera opérée par les détersifs irritans, qui stimulant & agaçant les vaisseaux, en ranimeront & en augmenteront l’oscillation ; or, en les forçant, en les déterminant à des heurts réitérés contre les portions mortes, ils en provoqueront nécessairement la chûte.

Ces détersifs sont, l’alun de roche brut ou calciné, le verdet, l’antimoine, les baumes de Tallu, le camphre, le galbanum, la gomme copal, la gomme élémie, la gomme animée, le miel, le sagapenum, le sel ammoniac, le storax, le sel commun, le vinaigre, le vitriol, la poudre de sabine, l’ocre, le beurre de saturne, le baume de Fioraventi, l’emplâtre divin, l’emplâtre de nicotine, l’élixir de propriété, l’huile