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vieillards. Dans ces derniers, les parties se sèchent, la transpiration doit donc être moins abondante ; aussi la matière qui ne peut passer par la peau, se jette sur les poumons & sur les intestins. C’est de-là que les vieillards crachent beaucoup, qu’ils sont tourmentés de flux de ventre, & que l’hiver, où il se jette beaucoup de matière en dedans, parce qu’elle ne peut point transpirer en dehors, est fort dangereux pour eux, & qu’il leur occasionne des fluxions de poitrine.

Il est facile de sentir combien il est important que cette excrétion ne soit point supprimée, & que de cette suppression il peut résulter les plus grands accidens.

Il est certain que la plupart des maladies, telles que les fièvres aiguës, les maux de gorge, les fièvres imermittentes, le rhumatisme, la colique, les inflammations de poitrine, la passion iliaque, le colera morbus, en sont tous les jours les suites.

On ne peut se garantir de ces maladies qu’en se précautionnant contre la suppression de cette évacuation, par des moyens propres à l’aider & à la favoriser. Pour cet effet, on doit se munir le corps contre les variations de l’atmosphère, en ne portant pas d’habits trop légers, en évitant de passer subitement d’un endroit chaud en un lieu froid ; enfin, on évitera de porter des habits mouillés, de garder long-temps l’humidité aux pieds, de coucher dans des lits humides, d’habiter des maisons nouvellement construites, de boire quand on a chaud des liqueurs froides & aqueuses ; il vaut mieux alors étancher la soif en mâchant des fruits, ou des plantes acides. L’exercice léger, un usage modéré des plaisirs, en dormant sept à huit heures, se couvrant bien le corps, & néanmoins ne le chargeant point de couvertures : la gaîté, une nourriture légère, un air pur, froid, pesant, contribuent beaucoup à la transpiration. Elle ne doit pas être trop considérable ; car elle occasionneroit des foiblesses, des défaillances, & même des morts subites. Quand elle est modérée, elle n’en est que plus salutaire, puisqu’elle purifie la masse du sang, & la débarrasse des particules inutiles & hétérogènes qui pourroient le corrompre.

Elle est souvent la crise de plusieurs maladies ; on doit aussi l’exciter par des remèdes convenables, tels que par les légères infusions de coquelicot, de fleurs de sureau, de chardon bénit, de feuilles de bourrache, de celles de buglose. Le kermès minéral, combiné avec le sucre, donné plusieurs fois dans la journée à de petites doses, est le remède unique pour rappeler cette évacuation lorsqu’elle a été supprimée ; mais il faut, pour que ces remèdes réussissent, que la nature soit disposée à cette excrétion : personne ne doute que la chaleur excessive du sang, ou la circulation trop rapide qu’ils pourroient exciter, ne fût un obstacle à la transpiration. M. Ami.

Transpiration Suspendue. Médecine vétérinaire. L’humeur dont la sécrétion est la plus abondante, est un fluide d’une odeur & d’une saveur particulière, nommée insensible transpiration, qui sort par les conduits excrétoires des tégumens des animaux. Sanctorius a observé que de huit livres d’alimens, il s’en dissipoit cinq par la transpiration ; mais, quoi