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nie, dont la plupart sont dues à l’abus des saignées.

Enfin, si la saignée est bien indiquée d’après les symptômes décrits, on proportionnera la quantité de sang qu’on tirera, à l’âge & à la force du sujet ; & dans les cas contraires, on suivra simplement & scrupuleusement le régime qui vient d’être prescrit.

Traitement de la toux de poitrine, sans fièvre, mais accompagnée d’une expectoration épaisse et visqueuse.

Lorsque la toux n’est accompagnée d’aucune espèce de fièvre, & que la matière que l’animal expectore est épaisse & visqueuse, on ordonne des remèdes pectoraux incisifs pour faciliter l’expectoration, atténuer la lymphe, la diviser, la rendre plus fluide ; ce qui se fait en donnant plus d’action aux solides & plus de mouvement aux fluides.

Mais on ne sauroit trop prendre de précaution quand il s’agit de prescrire des remèdes pour débarrasser le poumon, dont les fonctions sont très-multipliées : car le sang qui revient de toutes les parties du corps, passe à travers ce viscère, il reçoit & chasse l’air ; son tissu est fort foible, & il est dans un mouvement continuel.

Ce sera donc avec la plus grande modération qu’on administrera à l’animal, atteint de la toux, les décoctions des plantes béchiques incisives ; elles porteront leur action sur les glandes engorgées. L’usage des bains de vapeurs, prescrit dans le régime auquel on doit astreindre les animaux attaqués de la toux de poitrine, dirigeront immédiatement leurs particules médicamenteuses dans l’intérieur de la trachée artère des bronches & des vésicules pulmonaires, l’impression qu’elles opéreront sur le tissu glanduleux, réveillera la contraction des fibres, exprimera la lymphe après lui avoir rendu sa fluidité, facilitera l’expectoration & délivrera les glandes parsemées dans les canaux aériens, des engorgemens dont elles étoient affectées. Ces plantes sont, l’iris de Florence, l’iris nostras, l’origan, le marube blanc, l’hysope, le meum, le pouillot, le botrix ou chenopodium ambrosoïdes, le camphorata Monspeliensis, l’aunée, la sauge, la mélisse, &c.

Mais les béchiques incisifs n’agissent pas tous avec la même force, il en est qui fondent & atténuent efficacement, tels que ceux qui viennent d’être indiqués ; d’autres sont moins puissans, & enfin il y en a qui sont encore moins actifs ; ces derniers n’agitent presque pas la masse du sang. Ceux-ci sont mis en usage pour prévenir les suppurations sourdes du poumon ; c’est ainsi que dans l’obstruction de ce viscère, on craint que la lymphe épaissie des glandes bronchiales, ne cause, par son séjour, une inflammation qui dégénère en suppuration, on a recours aux béchiques fondans moyens, ou au moins actifs. Si la toux a opéré quelques désordres dans le tissu pulmonaire, on les emploie pour nettoyer & déterger les ulcères qu’elle peut y avoir formées & pour faire expectorer le pus trop épaissi. Ces sortes de béchiques ne sont, à proprement parler, que des délayans ; ainsi on peut les donner toutes les fois que la toux