Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/487

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meur, parvenue vers l’orifice des narines du bœuf, il introduit, à moins qu’il ne souffre beaucoup, sa langue dans une narine, ensuite dans l’autre, enlève ainsi la matière expectorée, & l’avale.

La toux de poitrine est une maladie plus longue que le rhume, qui ne passe guère deux ou trois jours quand il est traité convenablement, tandis que la toux de poitrine dure au moins cinq ou six jours.

Si elle dure plus long-temps, elle peut avoir les suites les plus fâcheuses, parce que la toux porte sans cesse le sang à la tête ; parce qu’elle prive l’animal du sommeil, lui ôte L’appétit, & trouble ses digestions par les secousses continuelles que reçoit le poumon, affoiblissent ce viscère, qui, devenant la partie la plus foible, sert, pour ainsi dire, de réservoir à toutes les humeurs : de-là la respiration devient courte & gênée, l’oppression de poitrine se déclare, & la fièvre lente se manifeste ; le corps de l’animal ne se nourrit plus ; il tombe dans la foiblesse, le dépassement, l’insomnie, &c. & périt souvent assez promptement.

On voit combien il est important de ne pis traiter de bagatelle, comme on fait tous les jours, la toux de poitrine, puisqu’elle peut avoir les suites les plus funestes. Car un rhume négligé donne naissance à la toux, & la toux, qui n’est pas soignée, conduit inévitablement les animaux qui en sont atteints à la pulmonie. Aussi c’est le peu de vigilance que les propriétaires ont de soigner leurs animaux atteints de la toux, & de ne choisir, pour la propagation de leur espèce, que ceux qui jouissent d’une saine constitution, qui rend cette maladie héréditaire & enzootique dans-la Franche-Comté, dans le Bugey, dans la Bresse & dans le Beaujolois. On peut même, sans craindre de trop dire, qu’elle est plus ou moins répandue dans les différentes provinces de la France & dans toute l’Europe.

Régime auquel on doit astreindre l’animal qui est attaqué de la toux de poitrine.

1°. Dès que l’on s’appercevra que le cheval ou le bœuf, &c. seront atteints de la toux de poitrine, on les mettra à la diète, ou au moins l’on diminuera considérablement la quantité de fourrage qu’on leur donne journellement. 2°. On divisera la portion d’aliment, à laquelle on réduira l’animal attaqué de la toux de poitrine, en trois parties égales, l’une formera le déjeuné, l’autre le dîné, & la troisième le goûté. 3°. Chaque fois qu’on la lui donnera, on fixera dans sa mangeoire un seau dans lequel on mettra de l’eau d’orge édulcorée avec du miel, en assez grande quantité pour lui servir de boisson. 4°. Une heure ou une heure & demie avant chacun de ses repas, on lui fera avaler une infusion de menthe acidulée avec la décoction des feuilles & des fruits d’épine-vinette. 5°. Pour son souper, on lui fera cuire un picotin d’orge, dans quatre pintes d’eau réduites à deux ; on donnera l’orge avec la décoction.

L’animal, atteint de cette maladie, doit être tenu chaudement, bouchonné & étrillé deux fois par jour ;