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précédées ou suivies de grandes chaleurs, ou que l’air extérieur ne circule pas librement, s’il est sans cesse imbibé par des brouillards épais ; si l’animal a été épuisé par des travaux rudes & excessifs ; par des fourrages de mauvaise qualité, ou gâtés par des pluies, ou qu’on ne lui en ait pas fourni une quantité suffisante pour l’entretien & la conservation de sa santé, &c. Toutes ces causes doivent être connues du médecin qui traite la fièvre continue bénigne, afin qu’il puisse ajouter au régime les antiseptiques, qui, en prévenant la putréfaction des humeurs, empêchent qu’elle ne dégénère en fièvre maligne.

Nous continuerions ainsi de donner une idée du détail de toutes les maladies qui affectent les animaux, & même de leurs différens états, dans lesquels la saignée est indiquée & contre-indiquée : mais ce champ seroit trop vaste ; obligés de nous resserrer, nous allons examiner dans quel temps de la maladie on doit pratiquer la saignée.


Section IV.

Du temps qu’on doit pratiquer la saignée.

Nous avons rejeté toutes les saignées prophylactiques, ainsi nous n’avons aucun égard aux phases de la lune, ni même au cours du soleil, pour conseiller des saignées toujours nuisibles, lorsqu’il n’y a pas dans le mal une raison suffisante pour les faire. Lorsqu’il y a pléthore sans fièvre, le temps le plus propre pour la saignée est le plus prochain, ayant cependant le soin d’attendre que la digestion du repas précédent soit faite. Mais dans les fièvres aiguës avec pléthore, ou dans les inflammations qui exigent la saignée, nous devons examiner dans quel jour de la maladie, son commencement, son milieu ou sa fin, à quelle heure du jour, avant, pendant ou après le paroxysme & l’accès, il est plus avantageux de faire la saignée.

Le temps de l’irritation, qui est celui de l’accroissement de la maladie, est le seul où la saignée doive être pratiquée ; alors les efforts de la nature peuvent être extrêmes ; les forces de l’animal n’ont point été épuisées par l’abstinence, les évacuations & la maladie ; la circulation se fait avec force, les vaisseaux resserrés gênent le sang de toutes parts ; la consistance inflammatoire, si elle existe, & l’obstacle, croissent ; la suppuration se fait craindre, & la résolution peut être hâtée. S’il y a pléthore, on doit appréhender les hémorragies symptomatiques, la rupture des vaisseaux, les épanchemens sanguins : ce sont ces momens qu’il faut saisir ; mais lorsque la maladie est dans son état, que la coction s’opère (car quoique la nature commence à la faire dès le principe de la maladie, il est un temps où elle la fait avec plus de rapidité), elle ne convient plus : l’inflammation ne peut être résoute alors que par une coction purulente, qui seroit troublée par la saignée. Dans le tems du déclin ou de la dépuration, ôter du sang, ce seroit détruire le peu de forces qui restent, ce seroit donner lieu à des métastases, ou tout au moins empêcher que cette matière nuisible, préparée pour l’évacuation, soit évacuée ; ce seroit troubler des fonctions qu’il est important de conserver dans toute leur intégrité ; ces