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d’un accès à l’autre, l’animal est absolument sans fièvre & paroît souvent jouir de la meilleure santé.

Tout ce qui tend à relâcher les solides, à diminuer la transpiration, à arrêter la circulation des fluides dans les plus petits vaisseaux du corps, dispose aux fièvres intermittentes.

La saignée n’est indiquée dans une fièvre intermittente, que lorsqu’il y a lieu de soupçonner une inflammation violente qui se manifeste par la chaleur excessive, le délire, &c. : mais comme dans cette espèce de fièvre, le sang est très-rarement dans un état inflammatoire, la saignée s’y trouve aussi rarement nécessaire ; & dans le cas où elle seroit indiquée, si on la répétoit plusieurs fois, elle ne tendroit qu’à prolonger la maladie.

Les fièvres continues-aiguës, sont de deux espèces, l’une bénigne & l’autre maligne : cette distinction est fondée en raison du danger & des symptômes, qui, familiers à la maligne, ne s’observent pas dans la fièvre bénigne, qui n’est accompagnée d’aucun symptôme dangereux ; si elle s’écarte quelquefois de cette marche connue, si elle prend un aspect de malignité, on doit l’attribuer à un mauvais régime, ou à un traitement malentendu.

Tout ce qui peut échauffer le corps de l’animal & augmenter la quantité de son sang, comme des courses violentes ; le dormir au soleil ; une nourriture trop abondante, sans faire un exercice suffisant ; une transpiration supprimée ; l’habitation d’une écurie humide, ou la boisson d’eau froide lorsqu’il est en sueur, &c ; toutes ces causes peuvent donner lieu à la fièvre continue-aiguë bénigne.

La saignée est de la plus grande importance dans cette espèce de fièvre, ainsi que dans toutes celles qui sont accompagnées d’un pouls vif, dur, plein, &c. Elle doit toujours être faite dès l’instant que les symptômes de l’inflammation se manifestent.

Si après la première saignée, qui doit être copieuse, le pouls devenoit plus dur, il seroit nécessaire, quatre ou six heures après, de venir à une seconde saignée. Si après la seconde saignée, le pouls conserve encore les mêmes qualités, il faut, dix ou douze heures après, procéder à une troisième, qui souvent & presque toujours doit faire la dernière, quand les trois saignées ont été faites dans les vingt-quatre heures ; car on ne doit point saigner pour éteindre entièrement la fièvre, mais seulement pour en modérer l’excès. La fièvre est si nécessaire pour la coction & la résolution, que très souvent, dans la pratique, on est obligé d’en exciter une artificielle, soit pour soutenir ou ranimer les forces de la nature dans les maladies aiguës, soit pour donner du mouvement aux humeurs qui croupissent, dans les maladies chroniques.

Mais si le médecin vétérinaire a prescrit des remèdes contraires, ou un régime mal entendu, la fièvre aiguë bénigne dégénère en fièvre maligne ; on le connoît à la petitesse du pouls, au grand abattement de l’animal malade, à la dissolution du sang & à la putridité infecte de ses excrémens.

En supposant même le régime bien indiqué & bien exécuta, il sera insuffisant, si l’animal atteint de la fièvre continue bénigne, respire un air mal-sain, si son habitation est humide, obscure, mal-propre, si elle est exposée aux inondations, si elle sont