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Usages. On fait macérer au bain-marie les fleurs récentes, depuis une drachme jusqu’à une once, dans cinq onces d’eau.. ; sèches, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once dans la même macération. L’eau distillée ne jouit presque d’aucune propriété.

Culture. On compte un grand nombre de variétés de cet arbre. La plus remarquable est celle qu’on nomme tilleul de Hollande, ou à très-larges feuilles. Il est plus délicat que le nôtre sur le choix du terrain. Ses feuilles sont ordinairement du double plus grandes… Un autre a ses feuilles assez ressemblantes à celles de l’orme, & la capsule de son fruit est hexagone… Tilleul à feuilles légèrement cotonneuses, dont les nervures sont rouges & la capsule à quatre angles… Tilleul nommé de Bohême à petites feuilles lisses, à capsule oblongue, aiguë des deux-côtés, & dont les angles sont à peine sensibles. Il ne faut pas confondre avec ces principales variétés, le tilleul d’Amérique qui croît dans la Virginie & dans le Canada. C’est une espèce réelle, caractérisée par ses fleurs qui ont un nectar, & par ses grandes feuilles en forme de fer de lance.

On multiplie les tilleuls par les semis & par les drageons enracinés, par marcottes & boutures. La première méthode est préférable. On ramasse la graine dès qu’elle est mûre ; on la laisse sécher à l’ombre pendant quelques semaines, afin qu’elle acquière sa complète maturité. Pendant cet intervalle, on prépare une partie de terrain pour y faire les semis. Le sol doit être substantiel, doux, léger & profond. Sur ce sol, on trace des raies de deux pouces de profondeur, à la distance de six pouces les unes des autres. C’est dans ces raies que la semence, quinze jours après qu’elle a été récoltée, est jetée assez clairement, & ensuite recouverte par la terre des côtés. Dans nos provinces méridionales, la superficie du sol demande à être recouverte avec de la paille menue ou avec des feuilles, afin d’entretenir un peu de fraîcheur dans la terre, & quelquefois légèrement arrosée pendant le reste de l’été. Dans nos provinces du nord, ces arrosemens sont en général inutiles, parce que la chaleur y est moins vive, & les pluies plus fréquentes. Il convient d’être très-scrupuleux sur le choix de la graine ; celle du tilleul de Hollande est à préférer à cause de ses larges feuilles. Comme cet arbre est purement d’agrément, la graine de celui qui donne le plus d’ombrage, mérite la préférence. On peut, il est vrai, dans un temps convenable, greffer le tilleul à larges feuilles sur le tilleul ordinaire ; mars c’est multiplier inutilement le travail, lorsqu’on peut l’éviter en semant une graine qui reproduit son semblable. D’ailleurs, tout arbre greffé est moins vigoureux en tronc, bois & branches, que celui qui ne l’a pas été. En semant par raies, le pépiniériste a plus de facilité de travailler le pied des semis, & d’arracher la mauvaise herbe, que si la graine avoit été répandue à la volée. Si après avoir récolté la graine, on attend le printems suivant pour la semer, on court grand risque de n’en pas voir germer la dixième partie, & souvent la totalité ne paroît qu’a la seconde année.

Les raies ont encore l’avantage de permettre de laisser un an de plus les jeunes plants dans le sol du semis,