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ques répercussifs, absorbans, tous très-différens de la saignée. La défaillance que procure une saignée faite par une large ouverture, facilite, à la vérité, quelquefois la formation du caillot qui doit fermer l’orifice des vaisseaux rompus ou dilatés ; mais si la prudence ne tient pas les rênes, si elle n’est pas éclairée par la raison, on en hâte les progrès par la dissolution du sang que cause la spoliation.

Si les douleurs sont immodérées, elles demandent l’usage des relâchans, des anodins, & des narcotiques. La saignée procure bien un relâchement, si on la pratique ; mais lorsque nous avons sans cesse sous la main des remèdes qui peuvent produire un effet plus sûr, plus durable, plus salutaire, plus local, qui n’emporte avec lui aucun des inconvéniens de la saignée, pourquoi n’y aurions-nous pas recours préférablement ? Nous en disons de même du délire, en en appelant toujours sur ces objets l’expérience de tous les vrais praticiens.

L’excès de chaleur trouvera bien plus de soulagement, s’il n’y a ni pléthore ni inflammation, dans les rafraîchissans acidules, aqueux, dans les bains, le renouvellement de l’air, les vapeurs aqueuses végétales, l’évaporation de l’eau, le froid réel, L’éloignement de la cause, que dans une saignée qui, comme nous l’avons déja prouvé, entraîne avec elle tant d’inconvéniens.

Si la saignée peut changer les fièvres intermittentes en continues, par la vélocité que le sang acquiert après qu’elle a été faite, en conséquence de l’augmentation des forces respectives du cœur ; on sent déja qu’il n’est qu’une saignée jusqu’à défaillance qui puisse faire tomber la fièvre qui se renouvellera même bientôt ; on sent aisément tous les maux que de semblables saignées peuvent causer ; abstenons-nous en donc, jusqu’à ce que nous ne trouvions dans les remèdes proposés contre l’excès de chaleur, aucune ressource suffisante, ou que nous ayons reconnu la pléthore & l’inflammation.

Quant à l’idée générale des maladies dans lesquelles la saignée est indiquée, c’est dans le commencement de toutes les maladies inflammatoires, comme la pleurésie, la péripneumonie ; dans les inflammations locales, comme celles du foie, de la rate, des reins, de l’estomac, des intestins, de la vessie, des parties de la génération de l’un & de l’autre sexe, de la gorge, des yeux ; comme dans la pousse, le vertigo idiopatique, les toux, l’apoplexie sanguine, l’épilepsie, la clavelée, &c. ; comme après des chûtes, des contusions, des meurtrissures, ou d’autres coups violens reçus, soit extérieurement soit intérieurement. La saignée est encore nécessaire lorsque les animaux ont été suffoqués par un mauvais air ou par un air méphitique. En un mot, il faut ouvrir la veine toutes les fois que le mouvement vital a été arrêté subitement par une cause quelconque, excepté dans la syncope occasionnée par la foiblesse.

Contre-indication de la saignée. Si la saignée est indiquée dans la pléthore & la consistance inflammatoire du sang, il est évident qu’elle doit être défendue dans les cas opposés, lorsque les forces sont abattues, comme après de longs travaux, lorsque le sang est dissous, & la partie rouge dans une petite proportion avec la sérosité. C’est ainsi que l’âge