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Chez les personnes grasses & humorales, on leur conseillera un cautère dans les parties les plus éloignées de la tête, dont on entretiendra matin & soir l’écoulement, en le pansant méthodiquement. On entretiendra chez elles la liberté du ventre, par l’usage de doux laxatifs.

Dans la céphalalgie occasionnée par la rétention de la morve, si le malade est d’une constitution lâche & molle, on lui fera flairer souvent du sel volatil. S’il est au contraire très-irritable, & d’un tempérament sec & ardent, avant d’en venir à l’usage des poudres sternutatoires, on lui fera recevoir, par le moyen d’un entonnoir, les vapeurs de l’eau chaude. M. de Sauvage, qui rapporte plusieurs exemples de céphalalgie, causée par la fixation de la morve, doit nous faire remarquer que cet épaississement altère quelquefois l’âme au point de déranger la mémoire, & de causer des accès de rage.

Il ne faudroit pas encore appliquer des remèdes révulsifs, topiques astringens, & même narcotiques, si la douleur fixe sur la tête avoit pour cause une congestion d’humeurs sur cet organe ; ils seroient sur-tout dangereux, s’il y avoit indice d’hémorragie. J’ai vu une pareille application dans le cas d’une odontalgie, produire une angine. Il vaut mieux procurer un écoulement d’humeurs par des moyens convenables, en donnant, sous forme de tabac en poudre, différens sternutatoires, tels que ceux du bois de lentique, de muguet, de marron d’Inde, de lierre terrestre, de pyrèthre ou de cabaret.

Lorsque les excrétions se font librement, & que la douleur est dominante, relativement à l’affection nerveuse qu’il peut y avoir, il faut alors ordonner les narcotiques ; mais leur administration ne doit avoir lieu que long-temps après le repas. Le petit lait nitré, la poudre de Guttette, la liqueur minérale anodine d’hoffman, le cinabre, conviennent très-bien ; mais en général, il est plus sûr de recourir aux remèdes que l’expérience reconnoît pour avoir une vertu nervine particulière, tels que le camphre, le musc & la valériane sauvage ; on sait qu’elle a souvent réussi, & qu’elle a guéri des maux de tête très-invétérés.

Tous ces remèdes, quoique bien appropriés aux causes & aux circonstances des maux de tête, n’ont pas toujours eu les heureux effets qu’on étoit en droit d’en attendre ; aussi est-on quelquefois forcé d’en employer de plus actifs & de plus énergiques. D’après cela, des médecins célèbres ont proposé de faire faire de forts frottemens dans plusieurs maux de tête, & même de couper les petits nerfs extérieurs. Valsalva a suivi cette pratique. On est venu à bout, en coupant différens nerfs, de calmer les douleurs de dents. Tronchin a renouvellé cette méthode. Il fit couper le nerf infraorbitaire dans une douleur à la mâchoire supérieure, ce qui lui réussit ; mais son succès n’a été que momentané. Baillou a obtenu de bons effets des bois sudorifiques dans plusieurs maux de tête internes périodiques, qui étoient insoutenables. Morgani l’a imité ; mais le quina, lorsqu’il y a un mouvement périodique, est le