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mensions, doit être proportionnée à celle du reste du corps. Cependant il vaut toujours mieux l’avoir plus grosse que trop petite. Le cerveau étant moins gêné, exécute mieux ses fonctions. J’ai très-souvent observé que ceux qui avoient la tête très-petite, avoient, pour l’ordinaire, peu de jugement.

Si elle n’est pas égale chez tous les hommes, la figure n’est pas aussi exactement semblable dans tous les sujets. Il est aisé de se convaincre que rien n’est plus varié que la figure des hommes. Les uns ont la tête ronde, les autres l’ont extraordinairement alongée. On en trouve qui ont la tête quarrée. On lit dans l’histoire d’Amérique, que les peuples qui habitent le long de la rivière des Amazones, ont la bizarre coutume de presser entre deux planches le front des enfans qui viennent de naître, & de leur procurer l’étrange figure applatie qui en résulte, pour les faire mieux ressembler, disent-ils, a la pleine lune. Cette coutume barbare & contre nature, n’a d’autre fondement que le goût le plus bizarre ; & quoiqu’il soit très-difficile de comprendre qu’il n’en résulte pas des dérangemens considérables dans l’organe du cerveau, ces hommes néanmoins ne peuvent qu’être très stupides & excessivement barbares.

La tête est sujète a une infinité de maladies. Nous ne parlerons ici que de celles qui l’affectent le plus ordinairement, & qui sont quelquefois accompagnées d’un certain danger. On appelle céphalalgie, ce mal léger qui n’affecte qu’une partie de la tête ; si ce mal devient plus opiniâtre, plus violent & plus durable, il prend alors le nom de céphalée.

Ces deux maladies ne reconnoissent pas toujours les mêmes causes. Tantôt elles sont essentielles, & tantôt symptomatiques. Tout ce qui peut gêner la libre circulation du sang & de la lymphe peut leur donner naissance. Elles dépendent souvent de la suppression des évacuations périodiques, de la répercussion des dartres, ou de toute autre espèce d’éruption cutanée.

La rétention de la morve, le défaut de son excrétion, la dessiccation prématurée des boutons qui se portent au-dehors de la peau, leur rétrocession en dedans sur les méninges, ou sur le cerveau, ou sur toute autre partie interne ou externe de la tête, peuvent encore exciter ces deux maladies.

Ce ne sont point-là toutes les causes de la céphalalgie, & de la céphalée ; elles sont plus ordinairement excitées par l’embarras des premières voies, par des mauvaises digestions & par le défaut de ressort des fibres de l’estomac.

Pour traiter avec succès ces deux affections, il ne faut point perdre de vue la cause qui les détermine. Les saignées, plusieurs fois répétées, conviendront très-bien lorsqu’elles seront subordonnées à un état pléthorique, ainsi que l’application des sangsues à l’anus & à la vulve, si elles dépendent de la suppression des hémorroïdes, ou des règles.

Quand la cause invétérée est idiopathique, & qu’elle est purement humorale, le vésicatoire appliqué sur l’endroit affecté, est préférable à tous les moyens curatifs.