Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

& toutes deux réunies, ne se mêleront pas avec l’eau. Il faut donc pour la recomposition ou combinaison des corps les uns avec les autres, 1°. qu’il y ait affinité naturelle ; 2°. qu’il y ait au moins une espèce de dissolution. Par exemple, de la chaux & du plâtre calcinés, leur poussière se mêlera ensemble & elle ne fera pas un corps ; mais si on ajoute de l’eau sur l’une ou sur l’autre, ou sur toutes deux ensemble, & si on y ajoute alors du sable, toutes ces substances se combineront & formeront ensemble un corps solide. Si sur la chaux fusée, on jette de l’huile, elle s’y unira peu ou très-mal ; mais si à cette chaux fusée ou éteinte, on ajoute du sable ou de la terre & de l’huile, il en résultera un mortier beaucoup plus solide que par la simple union du sable, de la chaux & de l’eau. De ces exemples, qu’on pourroit multiplier à l’infini, on doit conclure que tout corps qui n’est pas, ou qui est très-peu susceptible de dissolution, ne peut pas s’unir de lui-même avec un autre corps ; & leur mélange, s’il survient, ne sera qu’un simple mélange & non pas une recomposition. Si on ajoute du sable vitrifiable à de l’argile, il ne lui occasionne ni décomposition, ni recomposition ; ce sable agit mécaniquement parce qu’il divise les molécules de l’argile, & les sépare les unes des autres ; ces grains sont autant de coins qui désunissent ; cependant cette terre devient plus productive, non par les décompositions & recompositions, mais, 1°. parce qu’elle acquiert plus de perméabilité à l’eau. 2°. Les molécules étant plus divisées, les principes solubles qu’elle contient ont plus de jeu, sont plus à nu & sont plus susceptibles de dissolutions causées par les effets météoriques, & par conséquent de fournir plus abondamment la nourriture aux plantes qu’on confie à cette terre. Si au lieu de ce sable vitrifiable, vous donnez à cette argille un sable calcaire, marneux, du terreau, &c. comme toutes ces substances sont très-solubles dans l’eau, elles agiront réellement sur l’argile, en multipliant ses principes productifs, & en combinant les leurs avec les siens ; d’où résultera une plus grande fécondité & une plus abondante végétation ; dans ce cas, ces substances agiront de deux manières, & mécaniquement comme coins, comme leviers, & nutritivement, s’il est permis de s’expliquer ainsi, par la facile dissolution & recombinaison de leurs principes nutritifs mutuels.

Je ne dis pas que les substances vitrifiables ne soient pas solubles. Elles le sont dans les menstrues qui leur conviennent ; mais ces menstrues, ces dissolvans ne sont pas disséminés dans le sol ; & dans la supposition qu’ils le soient, les circonstances nécessaires à produire leurs effets, sont très-rares, & si rares qu’en agriculture on ne sauroit les compter.

La substance calcaire est la seule soluble ; c’est aussi la seule terre végétale, la seule qui entre dans la composition des plantes & des animaux. Si la terre vitrifiable fournissoit les principes de la végétation, on devroit de toute nécessité la retrouver dans l’analyse des plantes faites, soit par le feu, soit par l’eau ; cependant, toutes les analyses connues ne l’ont jamais démontré. On peut donc dire, rigoureusement parlant, afin d’éviter toute controverse, que s’il en existe, c’est un infiniment petit ; par consé-