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l’anus, & qui établissent le ténesme symptomatique. Tels sont l’inflammation & l’ulcère des prostates du col de la vessie, de la matrice ; les tumeurs de cet organe, les efforts d’un accouchement laborieux ; un cancer situé entre le rectum & la vessie. Il faut encore ajouter à toutes ces causes, la présence de la pierre dans la vessie. Le muscle qui détermine l’excrétion des matières fécales, étant irrité, doit entrer dans de fréquentes contractions, & donner lieu par là aux efforts répétés, & à l’envie presque constante de cette excrétion. Mais ces mêmes efforts en apparence, ne font que rendre la maladie plus opiniâtre & plus douloureuse.

Le ténesme est quelquefois une maladie épidémique, & devient souvent contagieuse en automne. Rarement il est accompagné de fièvre, à moins que la cause qui lui donne naissance ne soit très-âcre ou inflammatoire. En général, c’est une maladie plus douloureuse que dangereuse, à moins qu’elle ne soit compliquée de dissenterie, d’ulcère au sphincter ; mais lorsqu’elle dépend de toute autre cause, ou qu’elle n’est point entretenue par un principe malin, elle se dissipe assez promptement.

Il faut toujours excepter une circonstance dans laquelle elle peut être très-fâcheuse, c’est lorsqu’une femme enceinte en est attaquée ; elle excite alors l’avortement, comme l’a très-bien observé Hyppocrate.

Quand le ténesme est malin, il est aisé de le distinguer du ténesme ordinaire ; il s’annonce toujours par des symptômes graves ; la fièvre est presque toujours de la partie. Les malades sont tourmentés par un grand mal de tête, une douleur très-vive, & un sentiment de prurit, qui deviennent insupportables ; ils sont excessivement fatigués, & ne peuvent point dormir ; leur anus, quoique bien dilaté & aussi ouvert qu’un cloaque, prend une couleur livide & plombée. Le sang & le pus sortent par cette partie. Enfin la corruption de l’anus est accompagné d’un ulcère qui ronge toujours. À cet état succède bientôt une prostration générale des forces, & les malades ne tardent pas longtemps à succomber.

Les indications que l’on doit se proposer dans le traitement du ténesme, doivent se rapporter aux causes locales & aux causes symptomatiques qui le produisent : cela posé, l’administration des remèdes doit nécessairement varier. On combattra le ténesme par inflammation, par l’usage des rafraîchissans, des adoucissans & des émolliens, pris & administrés sous toutes les formes possibles, tels que la saignée, la limonade, l’eau de poulet nitrée, le petit-lait, les bains & les lavemens avec les fleurs de bouillon blanc, la racine de guimauve & les têtes de pavot. On employe encore dans pareils cas, avec beaucoup de succès, la décoction des intestins des jeunes poulets, ou des tripes de mouton. Ces mêmes remèdes peuvent convenir dans le ténesme symptomatique, causé par l’inflammation de la vessie ou du col de la matrice.

Hyppocrate parle d’un ténesme spontané, que Sauvages regarde comme l’effet des purgatifs drastiques, ou de l’usage des eaux minérales trop purgatives ; le traitement consiste à faire