patte en général, tandis que la base des quatre autres s’articule avec la patte charnière ; elle a, au moyen d’un muscle fléchisseur & d’un muscle extenseur, un mouvement de bas en haut ; de manière que l’animal, sans même remuer la patte, peut scier, & scie en effet ; mais quand la patte agit ainsi que la partie des griffes extérieures, il existe alors deux mouvemens de scie bien distincts. La mâchoire du requin, armée de deux rangs de dents en manière de scie, fait, je crois, le même mécanisme. Il est certain qu’aucune racine ne résiste à la scie du taupe-grillon. La courtillière des jardins est plus brune que celle des champs. Le mâle a le ventre moins renflé que celui de la femelle. Dans nos provinces du nord, elle pond ses œufs en août & septembre ; dans celles du midi, en juillet & août. Ne fait-elle qu’une seule ponte par an ? Je ne puis le croire d’après le rapport des naturalistes. Ils s’accordent à dire que les œufs étant déposés dans une loge arrondie, à un pouce de profondeur dans la terre, sont couvés par la chaleur du soleil ; qu’ils sont de forme ronde, de la grosseur d’un grain de fort millet, enfin qu’ils ne tardent pas à éclore. Je suis d’accord avec eux sur tous ces points ; mais je ne crains pas d’avancer que dans le climat de Lyon, & dans celui du bas Languedoc, j’ai trouvé des nichées très-nombreuses d’œufs, dans les mois de janvier & de février, en faisant travailler mes jardins, à la profondeur de sept, huit & dix pouces. Après avoir rassemblé ces œufs avec la terre du voisinage, les ayant mis dans un vase, dont le trou du fond étoit bouché, ils ont éclos à la fin d’avril en Languedoc, & au milieu de mai dans le climat de Lyon. Ne se peut-il pas qu’à l’exemple des fourmis, l’insecte transporte ses œufs près de la surface du sol, lorsque la chaleur commence à se faire sentir ? L’époque d’éclore doit varier suivant la manière d’être de la saison du printems. J’invite les naturalistes à s’occuper de mieux encore constater ce fait.
Le point le plus important est de trouver les moyens de détruire promptement cet insecte, qui fait successivement périr toutes les plantes d’une couche, & de plusieurs planches d’un jardin. J’ai suivi à plus de soixante pieds de distance, une galerie creusée par une seule courtillière, & cette galerie souterraine étoit coupée & recoupée par plusieurs autres. On doit juger par cet exemple du dégât que causera une nichée qui contient depuis cent, jusqu’à quatre cents œufs.
Les grandes pluies de la fin de l’automne & celles de l’hiver font affaisser les voûtes des galeries, dont la plus grande partie est à fleur de terre ; les inférieures servent à l’animal pour s’enfoncer, & être à l’abri de la gelée pendant les rigueurs de la saison. Dès qu’on s’aperçoit, au retour des premières chaleurs, que l’insecte commence ses galeries, on doit ne perdre aucun instant, parce que, à cette époque, les galeries sont simples, & les communications ne sont pas encore établies. Là où l’on voit le premier trou, la petite ouverture à fleur de terre, on répand quelques gouttes d’eau, afin d’imbiber la terre ; un moment après, on verse dans ce trou une