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terminer en général le produit du taillis de chênes venus dans un bon fonds, & il s’explique ainsi :

Six cents arpens de taillis dont chaque coupe réglée a vingt ans, seroit de trente arpens ; chaque arpent estimé à 120 liv. les trente arpens, produiront… 3600 liv.

Supposez que de tout temps on eût réservé dans ces taillis 24 baliveaux, de l’âge, avec huit modernes & huit anciens par arpent ; on vendroit dans chaque coupe de trente arpens, trois cent-soixante modernes, à raison de 12 liv. par arpent, parce qu’on continueroit d’en réserver huit, & qu’on suppose qu’il pourroit en être péri quatre par la violence des vents & par la chûte des arbres exploités : ces trois cent-soixante modernes, estimés ci-devant à trois sols la pièce, produiront la somme de… 540 liv.

On vendroit aussi huit anciens de quatre âges par arpent, qui seroient remplacés par autant de modernes, avec huit anciens de trois âges, que l’on continueroit à laisser en réserve : il se trouveroit dans chaque coupe de trente arpens, deux cent quarante anciens à ôter ; lesquels, suivant l’estimation ci-devant de 8 liv. 10 sols la pièce, produiroient… 2040 liv.

Trente arpens de taillis en coupe de vingt ans avec douze modernes, avec huit anciens de quatre âges par arpent, produiront donc annuellement, non-compris les branches… 6180 liv.

Actuellement admettons pour très-exact le compte présenté par M. Duhamel ; & pour ne rien laisser à désirer, admettons encore que la valeur des branches porte le produit net à 7000 liv. ; cette somme qui est la représentation du produit annuel des six cents arpens, donnera un peu moins de 11 liv. 15 sols par arpent ; car à 11 liv. 15 sols, le total monteroit à 7050 liv. Mais comme M. Duhamel estime le sol bon, & que tout arpent de sol bon, mis en culture réglée, produira plus que 11 liv. 15 sols, il est donc clair qu’il n’y a aucun bénéfice a sacrifier de tels terreins à l’entretien des taillis, à moins que dans le canton il manque des bras pour cultiver la terre. Si actuellement on considère l’emploi de ce terrein de six cents arpens, relativement à l’avantage public, on verra, 1°. que dans l’espace de vingt années, on n’aura employé pendant trois ou quatre mois seulement, que de quinze à vingt personnes au plus pour l’exploitation du taillis ; 2°. que trente familles au moins auroient vécu & élevé leurs enfans sur cette même étendue de terrein supposé bon.

On a donc raison de conclure que les taillis doivent être relégués sur les montagnes & coteaux à pentes rapides, ou dans les terreins de très-médiocre qualité. Les uns & les autres ne manquent pas en France, & pour peu que les corps administratifs encouragent & surveillent ces plantations, le bois ne manquera jamais. Cependant, malgré cette assertion générale, j’inviterai sans cesse les grands tenanciers à se procurer sur leurs fonds, non-seulement leur bois de chauffage, mais encore ceux propres à la charpente, aux cerceaux, &c. ; ne pas acheter est un vrai bénéfice, couper au besoin en est un second ; couper à propos & voiturer dans la morte saison, donne le troisième ; avoir par avance ses bois de