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suppurer ; en outre, on peut ouvrir le foyer de suppuration, & par-là évacuer la quantité de pus qu’il renferme.

Pour avoir du succès dans le traitement du squirrhe imparfait, on ne doit tenter la résolution que lorsqu’il est mobile. Pour cet effet on doit s’abstenir des résolutifs fondants trop forts ; il faut commencer par l’emploi des plus foibles, & aller ensuite en augmentant. On sait qu’en général les desséchans, les emplastiques, & les cataplasmes, par leur humidité, sont pernicieux. Galien conseille l’application des topiques gras & des gommes résolutives. Ces moyens sont suspects ; il vaut encore mieux exposer la tumeur squirrheuse à la vapeur du vinaigre. Sthal recommande beaucoup une combinaison de sel ammoniac avec le blanc de baleine, comme un remède très-propre à fondre les tumeurs dures des mamelles & des testicules.

J’ai eu les plus grands succès du savon mis en pâte avec l’eau vulnéraire. Hoffman vante beaucoup dans cette maladie un cataplasme de millet cuit dans le lait, & enveloppé dans des linges frottés avec beaucoup de savon, de manière que l’humidité n’arrive pas jusqu’à la tumeur. Loeseche dit avoir guéri des squirrhes imparfaits par les cataplasmes faits avec le camphre & les fleurs de mélilot ; mais il faisoit faire de l’exercice au malade. On pourroit obtenir de bons effets des fleurs de camomille & de sureau.

Tous ces topiques n’agissent pour l’ordinaire que très-imparfaitement s’ils ne sont aidés d’un bon régime & des remèdes propres à combattre les causes qui excitent le squirrhe. Les préparations mercurielles conviennent au traitement du squirrhe par cause vérolique : on opposera à celui qui dépend de l’acreté des humeurs, & de leur viscosité, les humectans, les diurétiques légers, tels que le petit lait nitre & combiné avec la terre foliée de tartre, la tisanne d’orge & de chiendent, une légère décoction de racines de nymphéa, d’éringium, de petit-houx, d’asperges, de feuilles de cresson, de cochléaria, &c.

Les sucs dépurés de chicorée & de pissenlit, combinés avec le sel de Glaubert & la terre foliée de tartre, produisent constamment de bons effets ; mais leur usage doit durer quelque temps.

On emploiera encore les gommes fondantes, telles que la gomme ammoniac, le sagapénum, le bdellium, la myrrhe, l’aloès à des doses modérées. On prescrira encore des bouillons faits avec le collet de mouton, & dans lesquels on fait entrer les parties des animaux chargés de sels volatils, comme les cloportes, les vipères & les crapauds, &c.

Il est essentiel d’entremêler l’usage des bols purgatifs, pendant celui des bouillons, au moins tous les quatre jours. Astruc, dans cette dernière vue, veut qu’on donne tous les jours, ou tous les deux jours, une poudre composée de vingt grains de cloportes, d’autant d’éthiops minéral, & de dix grains de diagrède.

À ces fondants résolutifs internes & externes, on entremêlera de temps en temps les émoliens & les relâchans, comme les bouillons de poulet, d’escargot, de veau ; les fomentations émollientes, les bains & les demi bains tièdes, faits avec la décoction des plantes mucilagineuses, telles que