Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec le sang figé, et régénérer un principe de corruption putride. Il ne faut pas aussi détacher trop tôt l’escarre, qui s’oppose au contact de l’air, qui étendroit la gangrène, & qui arrête d’ailleurs le progrès de la suppuration qui entraîneroit la perte totale de la partie, l’énerveroit & l’exposeroit de nouveau a la gangrène ; il vaut mieux attendre que la nature qui excite cette crise, ait atteint son temps, & repris ses forces, & donner des cordiaux, des toniques analeptiques pour relever les forces du malade, & remonter la nature énervée qui a besoin de toute sa vigueur dans le grand ouvrage qu’elle fait, puisqu’elle ne peut conserver le reste du corps, que par la perte d’une partie considérable. De plus, les douleurs sont quelquefois excessives & insoutenables ; elles pourroient, par une suite d’irritations, être le principe d’une nouvelle fluxion, qui doit alors déterminer l’usage des narcotiques qui doivent être subordonnés aux cordiaux. Hoffman conseille les spiritueux & les huiles essentielles. L’observation a démontré que le quina ne réussissoit point aussi bien dans les gangrènes sèches, que dans les humides ; Degner veut le donner à la dose d’une once ou de deux dans les 24 heures ; Quesnai pense le contraire ; sans doute que le défaut de conformité de leurs assertions tient aux divers temps de l’application qu’on en a faite, ou à des circonstances particulières. Peut-être le quina seroit-il utile, lorsque le cercle est formé, & lorsque la nature semble avoir décidé l’arrêt de la gangrène, tandis qu’il pourroit être dangereux en le donnant de trop bonne heure, dans le commencement, & qu’il empêcheroit la révolution lente que la nature doit exciter pour la solution de cette maladie.

Dans le sphacèle, il n’y a d’autre parti à prendre que d’amputer le plutôt possible tout ce qui est sphacelé, ou de l’extirper, surtout si la partie affectée ne peut pas être amputée, & si la gangrène n’a pas été jusqu’à l’os.

Dans le sphacèle superficiel, on se contente de le scarifier jusqu’au vif, & d’y appliquer ensuite une dissolution de mercure dans l’esprit de nitre, à moins qu’il ne paroisse une ligne de séparation entre le mort & le vif, qui est toujours un signe d’un très-bon augure, sur-tout s’il en suinte un peu d’humidité : alors on se contente d’étuver & de fomenter la partie avec l’esprit de vin seul, camphré ou aiguisé avec le sel ammoniac ; l’escarre une fois tombée, il ne reste plus qu’à traiter l’ulcère comme une plaie simple.

Astruc veut qu’on prenne garde que dans le sphacèle le mal s’étend principalement de trois façons ; dans la membrane adipeuse sous la peau ; dans l’intervalle des muscles, ou le long des gros vaisseaux ou des tendons. C’est à quoi il faut apporter beaucoup d’attention, & ne pas se contenter d’en juger sur l’extérieur de la peau, qui paroit quelquefois saine, quoique le mal ait fait beaucoup de progrès par dessous. M. AMI.


SPORÉE ou SPERGULE. Tournerfort la place dans la seconde section de la sixième classe des herbes à fleurs en rose, dont le pistil devient un fruit à une seule loge, & il l’appelle alsine spergula dicta. Von-Linné la nomme spergula arvensis