que l’on fait cuire jusqu’à consistance de sirop, pour pouvoir la conserver. En général, tous les sirops pèsent à l’estomac, parce que, pendant l’ébulition, le sucre ou le miel & l’eau, laissent échapper l’air qu’ils renfermoient : il vaut beaucoup mieux, à l’exemple des vrais médecins, prescrire la simple infusion des herbes, ou des fleurs, ou des fruits. Les espèces de sirops conservés dans les pharmacies, sont très-considérables. On en compte plus de soixante : si on en excepte trois ou quatre, le reste est inutile. Malgré cette assertion contre les sirops, je crois faire plaisir à mes lecteurs, en leur offrant la recette d’un sirop composé par Boerhaave, & dont je me suis servi avec le plus grand succès dans la pulmonie, & contre les rhumes invétérés.
Prenez bétoine, aigremoine, buglosse, sanicle, consoude, pulmonaire, de chacun une poignée ; mélisses, deux poignées ; ache, quatre poignées. Nettoyez exactement toutes ces herbes ; & les ayant coupées menu, mettez-les dans un pot de terre, neuf & vernissé ; mesurez l’eau que vous verserez dessus, jusqu’à ce qu’elle surpasse d’un doigt les herbes ; joignez-y ensuite autant de livres de miel de Narbonne qu’il y aura de pintes d’eau. Faites bouillir le tout ensemble, jusqu’à ce que les herbes soient réduites en pâte ; bouchez le pot le mieux que vous pourrez, afin que les esprits ne s’évaporent pas.
Passez ensuite le tout dans un linge neuf, & exprimez fortement, afin que les herbes rendent tout ce qu’elles contiennent ; mettez ensuite dans cette décoction, & coupez à petits morceaux : sébestes, jujubes, dattes, raisins de Damas, six onces ; graines d’ortie, une once ; fleur de sauge & de romarin, de chacune demi-once : faites cuire ensemble pendant demi-heure ; exprimez de nouveau ; mesurez cette décoction & ajoutez-y autant de livres de sucre raffiné, qu’il y aura de pintes. Faites recuire le tout ensemble, jusqu’à consistance de sirop, que vous garderez ensuite dans des bouteilles bien bouchées, pour l’usage.
Lorsque la pulmonie est déclarée, on en prend de trois en trois heures une cuillerée à bouche, & sur chaque prise, un petit bouillon, fait avec le bœuf & le veau. Il suffit de manger dans la journée deux petites soupes. Lorsque le mal n’est pas fort, on diminue & on ne prend le sirop que de quatre en quatre heures, afin de pouvoir, dans l’intervalle, donner une nourriture plus solide. Lorsque le malade est hors de danger, il doit continuer de prendre le sirop, trois fois par jour ; quatre heures avant le dîner, quatre heures après, & quatre heures après le souper. On ne doit manger rien d’indigeste, ni fruit ni salade ; il faut user de bon vin vieux, mais non pas sirupeux.
Dans les rhumes, & sur-tout dans ces gros rhumes dont on a peine de le débarrasser, on en prend quatre cuillerées à café par jour, & par-dessus, une tasse d’infusion de fleur de violette.
SISON. (voyez Pl. IX, page 250.) Tournefort le place dans la première section de la septième classe des herbes à fleur, en rose & : en ombelle, dont le calice devient un fruit composé de deux semences cannelées, & il l’appelle sison aromaticum,