dant l’été, & qui ne doivent éclore que l’année suivante, sont perfectionnés par la sève du mois d’août ; & les boutons à fruit, sur certains arbres, sont formés & perfectionnés par elle. Continuons l’examen des bourgeons.
Tant qu’a duré la sève du printemps dans toute sa force, les bourgeons se sont allongés presque sur une même grosseur. Les yeux sont, à peu de chose près, également écartés les uns des autres. Lorsque cette première Sève commence à ralentir son cours, la grosseur de la partie supérieure du bourgeon diminue, & ses boutons se rapprochent ; enfin, pendant l’interrègne des deux sèves, le bouton termina] (consultez ce mot) s’aoûte, & souvent perd sa feuille. Si on considère ce bouton terminal, on le voit arrondi par le bout, renflé sur ses côtés, tandis que tous les autres du bourgeon sont plus ou moins pointus, & dans la majeure partie des arbres à peine sensible, à peine développé. De ce bouton terminal, la longueur du bourgeon terminal se propage, & elle est recouverte par de nouveaux boutons & par de nouvelles feuilles ; mais le diamètre de ce prolongement est visiblement plus mince ; les boutons visiblement plus rapprochés. L’endroit fixé par cette démarcation de grosseur sensible, est celui qui indique la taille du fort au foible. (Consultez ce mot) La différence est très-grande entre cette dernière pousse & la première, sur-tout si on compare les effets de la sève d’août dans nos provinces du midi, ou dans celles du nord du royaume. Au midi, par exemple, en Languedoc & en Provence, cette seconde sève ne permet de greffer que pendant un petit nombre de jours, tandis que, dans le nord, on peut greffer souvent pendant un mois entier : ce qui a été dit donne la solution de ce problème, qui m’a inquiété pendant long-temps.
Cette différence tient à la manière d’être des climats, & les climats agissent sur la durée de cette sève, plus ou moins directement. Dans nos provinces méridionales, soit par leur position géographique, soit par les grands abris qui les garantissent du vent de nord (consultez le huitième chapitre du mot agriculture), les pluies cessent ordinairement vers le milieu d’avril, & ne recommencent que vers la fin d’octobre : on peut dire que le ciel est d’airain entre ces deux époques. Heureux le canton qui, dans cet intervalle, éprouve quelques pluies d’orages ! Quelquefois l’hiver passe sans pluies. En 1779 & 1780, il ne tomba pas dans le bas Languedoc assez d’eau pour imbiber la terre à la profondeur de trois pouces. Sans les rosées abondantes, occasionnées par le voisinage de la mer, la végétation souvent y seroit nulle. Dans ces provinces le temps de greffer est vers le milieu de juillet, & souvent on n’a pas une semaine entière pour y procéder. Dans le cas de sécheresse, la prolongation des bourgeons, poussés au printemps, devient à cette époque, courte, maigre, & les boutons ou yeux sont très-rapprochés les uns des autres. Si, au contraire, pendant la durée du printemps ou du premier été, une pluie d’orage a rendu à la terre altérée une fraîcheur convenable, la pousse du mois d’août est vigoureuse, & la durée du greffage est prolongée. Surpris de cette différence, causée par la saison, je fis mettre à découvert les racines de