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safran sec ; mais dans la seconde & la troisième, il en donne jusqu’à vingt… vingt Le safran, pour être réputé bon, doit être fort sec, en gros brins, d’un rouge vif sans fragmens de pétales ni d’étamines, & non sophistiqué avec le safranum. On pratique peu cette fraude dans le Gâtinois. De plus, son odeur doit être forte & absolument exempte du goût de fumée.


§ III.


Des maladies qui attaquent les oignons de safran.

On en distingue trois principales, 1o. le fausset, 2o. le tacon, 3o. la mort.

Le fausset est une production monstrueuse qui se forme auprès du jeune oignon. On lui a donné ce nom parce qu’il a la figure d’un petit navet, assez approchante de celle d’un fausset. Elle arrête la végétation du jeune oignon dont elle s’approprie la substance. Cette maladie fait par conséquent un obstacle à la multiplication des oignons. Je crois, continue M. Duhamel qu’elle est produite par une abondance de sève qui occasionne une espèce de tumeur anévrismale. Lorsque cette tumeur a fait peu de progrès, on peut, quand on arrache les oignons, remédier à ce mal en en faisant l’amputation ; au reste cette maladie cause peu de dommages.

Le tacon est une maladie qui attaque le corps même de l’oignon, & qui ne se manifeste pas sur les enveloppes… Cette carie se fait connoître par une tache pourpre ou brune qui dégénère en un ulcère sec, qui entame de plus en plus la substance de l’oignon, & qui en le consommant gagne le cœur, & le fait périr entièrement. Nous ignorons ce qui peut produire cette maladie. Il paroît seulement qu’elle est plus fréquente dans les terres roussâtres que dans les noires, & l’on prétend qu’elle n’est devenue commune dans le Gâtinois que depuis une trentaine d’années[1]… Le seul moyen qu’on puisse employer pour guérir cette maladie, est d’emporter l’ulcère avec la pointe d’un couteau, & de laisser l’oignon se dessécher un peu avant ée le mettre en terre ; mais il faut pour cela que l’ulcère n’ait pas pénétré trop avant dans la substance de l’oignon. la Rochefoucault qui confond ensemble les différentes maladies du safran, propose néanmoins ce remède ; mais il veut qu’on plante à part les oignons entamés, & il assure que l’année suivante on en trouvera la meilleure partie parfaitement guérie,

La mort s’annonce par des symptômes bien singuliers. Elle est à l’égard de plusieurs plantes, ce que la peste est aux hommes & aux animaux. Elle attaque d’abord les enveloppes, qu’elle rend violettes & hérissées de petits filamens. Elle attaque ensuite l’oignon même, qu’elle fait périr, parce qu’elle en détruit totalement la substance. On s’aperçoit aisément du désordre qu’elle y cause, & sans qu’il soit besoin d’arracher l’oignon, car on voit les feuilles qui jaunissent & se déta-

  1. M. Duhamel écrivoit ainsi en 1762.