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leur doit s’élever au-dessus de 0 de quinze degrés au moins jusqu’à trente-trois degrés au plus. Mais une serre, destinée uniquement pour les plantes des climats compris entre le vingt-troisième & le trente-sixième degré de latitude, n’a pas besoin d’une aussi grande chaleur. De douze à vingt degrés sont suffisans pour entretenir la végétation de ces plantes, & de celles des pays moins chauds situés entre le vingt-sixième & le quarante-troisième degré, qui fleurissent à la fin de l’automne ou pendant l’hiver. (Les autres plantes de ces derniers pays n’ont besoin que de l’orangerie.)

On ne fait point de couche ou tannée dans cette serre, mais seulement un tuyau de chaleur (& un d’air, si l’on veut) qui en parcourt trois côtés, soit sous le pavé, & le moins enfoncé au-dessous qu’il est possible, soit dans les murs. Cette dernière disposition est la plus avantageais, 1°. parce que le tuyau donne plus de chaleur ; 2°. parce qu’étant moins horizontal, il attire mieux la fumée du fourneau ; 3°. parce que pouvant n’être éloigné du parement extérieur du mur du midi que de quatre pouces, il échauffe mieux un châssis, si l’on en veut appliquer un contre ce mur, que ne feroit le tuyau d’une serre à tannée, qui en seroit éloigné de deux pieds au moins. Si la serre n’avoit que vingt ou vingt-cinq pieds de longueur, on pourroit replier le tuyau dans le mur du nord, pour profiter de toute la chaleur.

Cette serre peut avoir plus de largeur, plus de toit, & par conséquent moins de vitrage incliné qu’une serre pour les plantes de la zone torride ; parce que la plupart des plantes en sont transportées en plein air avant que le soleil soit élevé à vingt-six degrés.

Dans une partie de la serre, on dispose des planches en gradin incliné à environ quarante-cinq degrés, sur lequel on place les plantes basses qui végètent pendant l’hiver. Les plus hautes se rangent dans l’autre partie de la serre graduellement suivant la hauteur ; les moins hautes sur le devant. Celles qui sont dans l’inaction pendant l’hiver, se placent sous le gradin & sur des tablettes attachées contre le mur du nord. On donne aux tablettes du gradin un pied de largeur, pour y placer deux rangs de pots de six pouces, ou un rang de grands pots, & quelques petits dans le vide que les grands laissent sur le bord des tablettes.

Mais si les plantes ne sont point assez nombreuses pour que la place sous le gradin leur soit nécessaire, on peut lambrisser le dessous du gradin & en fermer les extrémités par des cloisons ; alors le tuyau de chaleur ne s’étendra dans le mur du nord, que jusqu’à la cloison du gradin, & pourra se replier. Ce retranchement diminuant beaucoup le volume d’air de la serre, elle sera plus facile à échauffer, & il pourra servir à ramasser les graines & les outils ; ou, s’il n’y a qu’une serre pour les plantes de la zone torride, jointe a celle-ci, il pourra contenir le lit d’un jardinier qui sera à portée de veiller sur les fourneaux des deux serres pendant les nuits d’hiver. Il ne faut pas cependant trop resserrer l’espace compris entre le gradin & le vitrage ; car si la masse d’air est d’autant plus facile à réchauffer, qu’elle est plus