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quante, accompagnée de fraîcheurs, & ce sont les plus foibles. Les acides que l’on applique sur les couleurs bleues & violettes, les changent en rouge ; les alcalis, au contraire, les verdissent. On ne doit pas s’attendre de trouver ici des détails sur l’article Sel. Il fournit a lui seul le traité le plus étendu de toute la chimie. Si on désire de plus grands renseignemens, on peut consulter le Traité des Sels, publié par l’immortel Sthal, supérieurement traduit de l’allemand, & imprimé à Paris, 1771, chez Vincent, libraire ; le Dictionnaire de Chimie de Macquer, où cet article est bien présenté ; le Dictionnaire encyclopédique, &c.

Enfin le temps est venu où, sous un roi bienfaisant, le peuple & l’habitant de la campagne ne paieront plus 13 à 14 sols la livre du sel. Il est donc possible, aujourd’hui d’en donner aux troupeaux & au bétail. L’avidité de ces animaux pour le sel, démontre le besoin qu’ils en ont. Mêlé avec le son, le fourrage & le grain qui constituent leur nourriture, ils ne seront plus sujets aux maladies de putridité qui en font périr un grand nombre. On doit cependant faire quelque attention, si l’on se sert du sel gemme. On appelle ainsi le sel marin tout formé, que l’on trouve en très-grande masse dans la terre, par exemple à Wïelliska en Pologne, à Cardonne en Espagne, & où l’on exploite la saline à-peu près de la même manière que l’on travaille les mines métalliques, par des galeries, des puits, sur-tout dans le premier endroit ; car dans le second on y abat le sel comme les pierres d’un rocher. Les mines sont à découvert. Cc sel est en général beaucoup plus actif & plus corrosif : il convient donc d’en donner beaucoup moins que du sel qu’on retire des salines établies sur les bords de la mer des côtes de France. C’est le sel le plus doux, le moins âcre & le moins corrosif que l’on connoisse encore, & même le meilleur pour les salaisons des viandes & des poissons. À présent que le sel n’est plus qu’a un sol la livre, il convient, outre le sel que l’on donnera de temps à autre aux bestiaux & aux troupeaux, de suspendre dans les étables & dans les écuries, de petits sacs de toile fort serrée, remplis de sel. Le bétail ne tardera pas à les lécher, & chacun à son tour profitera de l’avantage ; c’est le moyen le plus sûr de l’entretenir en bonne chair, & sur-tout de le préserver des maladies qui naissent de l’humidité des saisons ou des lieux.

Les sels forment des engrais excellens pour les terres, s’ils sont employés avec prudence. (Consultez les articles Arrosement, Amendement.)


SÉLÉNITE. Substance formée par l’union de l’acide vitriolique avec une terre calcaire. Les eaux pluviales, les ruisseaux, les sources qui passent sur des terres à plâtre, à schiste, ou même simplement sur certaines terres argileuses, dissolvent ce sel, & la dissolution rend l’eau dure & pesante à l’estomac. On reconnoîtra toute eau séléniteuse en l’agitant avec le savon blanc, pour le dissoudre promptement ; si cette eau reste simplement laiteuse, si le savon vient à sa surface & y surnage en manière d’écailles, c’est une preuve que cette eau n’est pas bonne