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forte ; elle est diurétique, emménagogue, & la semence est apéritive & foiblement diurétique. La racine est un diurétique actif, & particulièrement le suc qui en est exprimé. Le poireau est indiqué dans les coliques néphrétiques par gravier ; dans la difficulté d’uriner, causée par des humeurs pituiteuses ; dans l’asthme pituiteux : on emploie quelquefois la racine sous la forme de cataplasme, lorsqu’il faut accélérer la suppression des tumeurs inflammatoires.

Poireaux, Porreaux. Médecine vétérinaire. Les porreaux sont de petites tumeurs dont la base est plus étroite que l’extrémité ; elles sont recouvertes d’une petite pellicule grisâtre, dénuée de poils & arides ; tantôt ce sont de petits mamelons d’où suinte une légère humidité ; ceux-ci, pour l’ordinaire produisent beaucoup de sérosité ; on les trouve au canon, au boulet, au paturon & à la fourchette ; ils surviennent souvent à des chevaux qui ont eu des eaux aux jambes, & reconnoissent les mêmes causes. (Voyez Eaux aux jambes.)

Traitement. Lorsque les porreaux commencent à pousser, coupez le poil le plus près de la peau qu’il sera possible, & ensuite les porreaux eux-mêmes tout près de la peau : couvrez la plaie avec des étoupes trempées dans du vinaigre, pour premier appareil ; le lendemain, appliquez-y du vert-de-gris, mêlé avec le vinaigre ; réitérez le pansement deux fois par jour, promenéz, le cheval, & continuez jusqu’à parfaite guérison.

Existe-t-il, dit M. Huzard, des pprreaux considérables qui souvent gênent la flexion du pied, & font boiter l’animal ; il faut le laisser reposer, emporter les porreaux avec le bistouri, en toucher la racine avec le beurre d’antimoine, la dissolution mercurielle, ou ce qui est préférable encore, avec le cautère actuel ; l’escarre tombée, l’ulcère qui lui succède sera pansé avec le digestif, animé pendant quelques jours, ensuite avec la teinture d’aloès & les étoupes sèches, & s’il est léger, avec l’eau ou la pommade de saturne seulement ; on emploiera ce traitement de préférence si la base est étroite ; mais s’ils sont à base large, ou s’il faut que l’animal travaille, on se contentera de les toucher avec l’un des caustiques ci-dessus, ou la dissolution d’arsenic ; cette opération, sera répétée chaque fois que l’escarre tombera : ils se détruiront peu à peu ; cette dernière méthode est beaucoup plus longue que la précédente, & jamais aussi efficace. L’acide nitreux dans lequel on a fait dissoudre du sublimé corrosif, est un caustique puissant dont on s’est servi avec succès en pareil cas, ainsi que des acides minéraux concentrés. Il est important, au surplus, de prévenir l’inflammation que ces substances ne manqueroient pas d’exciter dans des sujets irritables, par le régime, tempérant & adoucissant prescrit à l’article Eaux aux jambes.

Il faut avoir une attention scrupuleuse à ne point laisser les poisons corrosifs entre des mains ignorantes, ou à la merci de chacun, afin d’éviter les accidens auxquels ils pourroient donner lieu. Voyez à ce sujet une observation de M. Barrier, vétérinaire à Chartres, Journal de Médecine, tome LIX, page 353.