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& excellent observateur, l’abbé Spallanzani, inséré dans le dix-neuvième volume du Journal de Physique 1781, page 151.

Dira-t-on que l’eau du fossé, évaporée, un coup de vent peut enlever les œufs ; mais on n’observe donc pas que le gluten qui les enveloppe, une fois désséché par l’air, par le soleil, l’animal meurt complètement, & qu’il ne peut être rappelé à la vie, même par la pluie qui surviendroit bientôt après.

Si l’on fait bien attention que ces petits crapauds paroissent toujours dans les endroits où se perpétue une sorte d’humidité, tels que dans les poissonneries & dans leur voisinage, & que le frai entraîné par les filets des pêcheurs, se mêle avec le poisson, & qu’il est apporté avec lui au marché ; qu’une partie de ce frai de la longueur d’un pied seulement, contient plusieurs centaines d’individus, si cette partie a été conservée fraîchement, on ne doit pas être étonné de voir ensuite pulluler les petits crapauds. Pourquoi n’y auroit-il pas également des pluies de petits escargots, de petits limaçons, & d’autres animaux pareils.


II. Des prétendues pluies de soufre.

On se contente de regarder sans examen une poussière jaune qui est quelquefois entraînée par les vents, & l’on dit, sans autre réflexion, en voyant sa couleur, c’est du soufre. Il y a un moyen bien simple de se convaincre de la vérité, c’est d’incinérer cette poussière jaune, elle brûlera, non à la manière du soufre, en répandant une odeur d’acide vitriolique & suffoquante, mais une odeur végétale, peut-être un peu accompagnée d’odeur de cire ou de résine. Si, pour plus grande sureté on la distille comme on distille le soufre, on n’en retirera pas de l’acide vitriolique & en quantité. Cette poussière jaune & légère est très-visible sur les flaquées d’eau, dans tous les endroits où l’eau est stagnante, parce qu’elle est pure sur sa superficie, qu’elle surnage, au lieu que, mêlée avec la terre, on la distingue plus difficilement.

De tels exemples ne sont pas rares dans le voisinage des pins, & si je ne me trompe, vers l’an 1760, on vit un semblable phénomène dans les environs de Bordeaux, en 1749, à Berlin & à Gottingue, &c. Les Éphémérides des Curieux de la Nature, rapportent plusieurs traits de ce genre. Ils sont encore assez communs dans les cantons où il y a beaucoup d’aunes & de noisetiers, & tout le mystère consiste à reconnoître que cette prétendue matière sulphureuse n’est autre chose que la poussière des étamines de ces arbres. Plusieurs espèces de mousses, de vesces de loup, le tilleuil, le sureau, &c. fournissent une semblable poussiere. Plutôt que de réfléchir, on aime mieux se livrer au merveilleux.

III. Des pluies de sang.

Plusieurs auteurs anciens en font mention, & les représentent comme des phénomènes extraordinaires & effrayans. Ces auteurs, & ceux qui croient à de telles puérilités, auront beau ballonner la vessie, un petit coup d’épingle suffira pour la réduire à rien. Le règne végétal fournit la