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toujours plus que tous les grains connus ; elle se plante après toutes les semailles, & se récolte après toutes les moissons.

Les différentes variétés de pommes de terre peuvent servir aux mêmes usages, parce qu’elles contiennent toutes les mêmes principes ; ils ne diffèrent que par leur proportion ; il n’y a pas de terrains, de climats & d’aspects où elles ne se naturalisent les unes ou les autres avec leurs propriétés.

Les blanches sont en général plus hâtives & d’une végétation plus vigoureuse que les rouges ; celles-ci exigent un meilleur sol & rapportent un tiers moins que les blanches.

En les plantant toutes germées elles lèvent plutôt, & c’est un avantage pour les espèces tardives. & les cantons septentrionaux.

L’espèce grosse-blanche marquée de rouge à la surface & intérieurement, est celle à laquelle il faut s’attacher spécialement, lorsqu’on a en vue l’engrais du bétail, l’extraction de la farine & la fabrication du pain.

Dans les fonds légers & ingrats la grosse-blanche convient, elle est d’une excellente qualité pour la table ; c’est avec cette espèce qu’il faut commencer les défrichemens.

La pomme de terre brave les effets de la grêle ; quand son feuillage est haché par ce météore, il ne faut pas le faucher, il vaut mieux rechausser le pied avec sa houe ou la charrue ; elle nettoie pour plusieurs années les champs infectés de mauvaises herbes, détruit les chiendents, si abondants dans les vieilles luzernières, & donne dans les prairies artificielles retournées, de riches récoltes sans le concours d’aucun engrais.

Deux labours suffisent assez ordinairement pour disposer toutes sortes de terrains à cette culture ; le premier, aussi profond qu’il est possible, avant l’hiver ; le second, peu de temps avant la plantation.

Il est nécessaire que le sol ait quatre à cinq pouces de fond, que la pomme de terre soit plantée à un pied & demi de distance, & recouverte de quatre ou cinq pouces de terre.

Il faut dans les bons fonds planter plus clair que dans les terres maigres, & dans celles-ci plus profondément ; les espèces blanches demandent à être plus espacées que les rouges, qui poussent moins au dehors & au dedans.

Toutes les espèces de pommes de terre sont tendres, sèches & farineuses dans les endroits un peu élevés dont le sol est un sable gras ; pâteuses & humides au contraire dans un fond bas & argileux.

On doit mettre les blanches dans les terres à seigle, & les rouges dans les terres à froment ; mais la grosse-blanche, dans tous les sols, excepté dans ceux qui sont trop glaiseux, ou la culture des pommes de terre est difficile & en général désavantageuse.

Une seule pomme de terre suffit toujours pour la plantation ; quand elle a un certain volume, il y a du bénéfice à la diviser sur-tout en biseaux & non par tranches circulaires, & à laisser à chaque morceau deux à trois œilletons au moins.

La précaution d’exposer un ou deux jours à l’air les morceaux découpés, est fort sage ; ils sèchent du côté de la tranche, & quand il sur-