SUPPLÉMENT À CE VOLUME.
POLYPE. Médecine Rurale. Excroissance charnue ou fongueuse, ayant communément la figure d’une poire.
Cette tumeur naît en différentes cavités du corps, comme dans les narines, le gosier, la matrice, le vagin &c autres cavités. Les personnes du sexe sont très-sujettes aux polypes utérins & aux polypes du vagin. Les premiers tirent leur origine de la propre substance de la matrice ; les seconds se forment toujours aux dépens de la substance du vagin : Levret distingue trois espèces de polypes utérins. La première, selon lui, a son siége dans le fond de la matrice. La seconde prend naissance dans la substance du col de ce viscère, & la troisième a son pédicule attaché au bord de son orifice.
Ces trois espèces de polypes sont toujours accompagnées de perte de sang. Une infinité de causes peuvent concourir à la formation du polype : de ce nombre sont les coups violens, les chutes, les fortes commotions, la fréquente introduction des doigts dans le nez, l’abus du tabac & autres poudres âcres, sternutatoires, qui peuvent exciter une forte irritation sur la membrane pituitaire ; l’application des pessaires âcres ou corrosifs dans le vagin, des injections fréquentes composées de remèdes irritans.
Mais ce ne sont là que les causes externes ; celles qui viennent du dedans sont beaucoup plus énergiques, & produisent toujours des effets, & plus opiniâtres & beaucoup plus dangereux. Le vice vénérien est gardé comme la première des causes internes. On doit aussi admettre les fréquentes fluxions, les catarrhes, les ulcères négligés, les hémorrhagies considérables, la suppression des évacuations ordinaires, la répercussion de quelque dartre, ou de toute autre espèce de maladie cutanée, enfin une disposition particulière à contracter cette maladie.
Les polypes de la matrice & du vagin, dit M. Levret, qui ont pris un accroissement considérable, peuvent facilement en imposer pour des descentes de matrice avec renversement. On est souvent tombé dans une pareille erreur.
Il est par conséquent de la dernière importance de bien connoître les signes qui peuvent nous faire distinguer ces deux maladies. Lorsque la matrice n’est pas renversée, que sa chute soit ou ne soit pas complette, il n’est pas possible de s’y tromper. Son orifice externe, qui est toujours à la partie inférieure, la fera appercevoir sans peine. Mais si la descente est compliquée avec le renversement, alors la chose devient plus difficile, & ces cas exigent une grande attention & beaucoup de discernement. Le renversement de la matrice peut être complet, c’est-à-dire se montrer au-dehors, ou incomplet. Dans ce dernier cas, le fond de la matrice passe à travers son orifice, qu’il tient dilaté, & présente aux doigts de l’opérateur une masse