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saveur acerbe, légèrement astringentes & douceâtres ; on emploie les feuilles en infusion & en tisanes, à la dose d’une poignée dans une pinte d’eau, à laquelle on ajoute deux onces de sucre, ou bien on en fait un sirop. Cette plante est recommandée dans les maladies de poitrine & dans la pulmonie, dans l’embarras des reins, causé par des sables. Ses propriétés sont les mêmes que celles du politric, & ne méritent pas plus que les tiennes la dénomination emphatique de sauve vie.


RUMINATION. Action par laquelle certains animaux font revenir dans leur bouche & y remâchent les alimens qui étoient déja descendus dans leur estomac. Plusieurs auteurs ont écrit sur la rumination, & Peyrus en particulier, sur tous les animaux fournis à cet exercice. En général, tous les quadrupèdes frugivores ruminent, & sur-tout ceux qui sont à pieds fourchus ; quelques oiseaux, & un grand nombre d’insectes ruminent ; le perroquet, la mouche, le taupe-grillon en sont un exemple ; & Peyrus cite l’exemple de plusieurs hommes qui ruminoient.

On doit à M. d’Auventon un travail complet sur la rumination des quadrupèdes domestiques, & personne n’en a mieux que lui développé le mécanisme. Son ouvrage est inséré dans le volume de l’académie des sciences de Paris pour l’année 1768. C’est ainsi que ce grand homme s’explique :

« On sait que plusieurs espèces de quadrupèdes mangent deux fois le même aliment : après avoir pris leur nourriture comme les autres animaux, ils la font revenir dans leur bouche par la gorge, ils la mâchent de nouveau, & ils l’avalent une seconde fois : c’est ce que l’on appelle la rumination. On fait aussi que les animaux ruminans ont plusieurs estomacs ; on a même cru jusqu’à présent qu’ils en avoient quatre. À l’inspection de ces estomacs & des matières qu’ils contenoient, on a reconnu que les alimens étoient conduits la première fois dans le premier estomac, qu’ils en sortoient pour revenir à la bouche, & qu’ils rentroient dans l’œsophage apr-s la rumination, pour aller dans un autre estomac. Mais on a tenté vainement d’expliquer le mécanisme de cette opération singulière. Je me suis occupé de cette recherche d’abord par curiosité, parce qu’elle m’a paru fort intéressante dans l’étude de l’économie animale. J’ai reconnu bientôt qu’elle seroit importante pour le traitement du bétail, & principalement des bêtes à laine, soit en santé, soit en maladie.

La rumination a plus d’influence qu’on ne croit sur le tempérament de l’animal, parce qu’elle ne peut se faire que par des organes qui affectent toutes les parties du corps, & qui sont particuliers aux animaux ruminans. Le principal de ces organes est le viscère qu’on appelle à cause de sa forme, le bonnet. On l’a regardé jusqu’à présent comme un estomac : c’est le second des quatre qu’on attribue aux animaux ruminans ; cependant il ne fait aucune fonction d’estomac. Pour mieux expliquer celle du bonnet, il faut commencer par considérer le trajet que les alimens font pour la rumination.

L’animal broute de l’herbe & la mâche seulement pour en faire dans sa bouche une pelote qu’il puisse