longueur de ses ailes verticales qui y seront plongées.
Ne négligez pas de multiplier dans le routoir, sur ses bords, les plantes aquatiques ; la nature les a presque toutes douées de la propriété de désinfecter l’air du lieu où elles croissent ; elles y semblent placées à dessein par la Providence. Les arbres, les bois blancs sur-tout, se chargent d’air inflammable ; & c’est la raison peut-être pour laquelle dans la fabrique de la poudre à canon, on préfère leurs charbons. Si ces secours auxiliaires ne sont pas suffisans, & ne peuvent absorber autant d’air méphitique qu’il s’en échappe sans cesse, pendant le rouissage ; alors, dans le grand nombre de moyens que la physique présente comme très-propres à corriger les mauvais effets des substances putréfiées fixes, c’est-à dire, de celles qui n’affectent pas l’odorat, qui sont ainsi les plus contagieuses, & qui, comme tous les virus, ne communiquent leurs vertus délétères que par le contact immédiat, nous ne choisirons que la chaux.
Cette substance admirable préviendra tous les effets nuisibles ordinaires du rouissage à l’eau. On en a vu de bien terribles de ces rouissages, surtout lorsque l’on a voulu brasser des tas de chanvre qui avoient été négligés, abandonnés ou pourris. Personne même n’ignore la cause des ampoules & furoncles qui surviennent lorsqu’on se baigne, même dans de grandes rivières, à l’époque du rouissage ; de là s’est confirmé le préjugé contre les bains pendant la canicule. Les principes fixes de cette contagion sont encore inconnus, & l’on n’a sur leur marche & sur leurs phénomènes que des apperçus très-vagues. Ce sont sans doute les combinaisons des principes atténués des corps avec ceux que la putréfaction ou la fermentation volatilise ; car l’on sait qu’en empêchant ou modérant ces combinaisons, on s’oppose à leurs mauvais effets. Je ne citerai pour exemple que la belle expérience faite par les magistrats de Dunkerque, d’où il est résulté qu’un très-grand nombre de cadavres, à toutes sortes de degrés de putréfaction, ont pu être exhumés pendant l’été sans accident, & le tout par le seul effet de la propriété de l’eau de chaux.
On a vu dans le cours de ce mémoire, que l’eau de chaux ne nuisoit point au rouissage, qu’elle aidoit même à diviser, à affiner & blanchir la filasse. De plus elle retarde & s’oppose merveilleusement aux fermentations, 1°. parce qu’elle absorbe & s’unit au premier gaz, qui se développe dans les fermentations, & qu’elle enlève aux autres ce qui les rend nuisibles, d’où l’on voit qu’elle corrige aussi efficacement les sels volatils que les fixes ; 2°. parce que comme Celse l’avoit très-bien observé, Aqua dura, est ea quæ tardè putrescit. (Pars 4, sect. II.) L’eau dure s’oppose, empêche ou retarde les fermentations ; c’est pourquoi M. Houri a très-ingénieusement employé addition d’un peu de chaux dans les tonneaux, où l’on conserve l’eau pour les voyages de long cours sur mer. La seule précaution à avoir, est seulement de mettre du gaz dans cette eau, lorsqu’on veut la boire. Cette addition d’air fixe fait précipiter la chaux, & laisse l’eau très pure. La chaux ne