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eau de composition, & les rapproche de l’état de résine ; mais afin d’accélérer plus promptement leur dessiccacation, on suspend au milieu de l’huile, pendant sa cuisson, un nouet de litharge réduite en poudre. Si on veut une plus prompte dessiccation encore, on jette, petit à petit, dans l’huile, de la couperose ou vitriol de fer réduit en poudre très-fine. Une livre de litharge suffit pour dix livres d’huile, & un once de couperose pour la même quantité. Après que l’huile a cuit avec ces drogues pendant une heure ou deux, elle est vidée dans un vaisseau que l’on doit tenir bouché, & mêlée exactement avec les couleurs que l’on se propose d’employer. L’ocre rouge s’unit mieux avec l’huile & se conserve plus long-temps lorsqu’elle est employée sur les métaux, que l’ocre jaune. La chaux de plomb, nommée céruse, si elle est sans mélange de craie, friponnerie assez commune, vaut beaucoup mieux. Ces préparations servent également sur les bois & les conservent beaucoup. Pour peindre en verd, on ajoute un peu de vert-de-gris, & encore mieux du verdet à la céruse. Ces couleurs deviennent plus foncées à mesure qu’elles vieillissent ; il faut donc employer peu de verd dans le mélange. Avant de préparer la couleur, on met un peu d’huile en réserve, & cette huile sert à passer la première couche sur le fer, le cuivre, le plomb, &c. ; & elle en détache la rouille. Avant de passer la seconde couche, il est nécessaire de frotter exactement toutes les superficies du métal, afin d’en détacher ce qui a été dissous. Lorsque cette première couche est parfaitement sèche, on passe la seconde chargée de couleur, & on la passe très-légère ; si elle est épaisse, elle s’écaillera & se gercera ensuite. Le même défaut aura lieu si on n’attend pas que la première couche soit sèche avant de donner la seconde, la troisième, &c. Cette espèce de vernis met les métaux à l’abri de la rouille tant qu’il subsiste. Lorsque le temps l’a détruit, on lui en substitue un second. Lorsqu’on trempe le fer & le cuivre fortement rougis au feu & incandescent dans une huile quelconque, leur superficie contracte plus de dureté, & cette huile devient un vernis qui les conserve. Voici une autre manière de préserver le fer de la rouille, sans lui faire perdre sa couleur. Cette recette est tirée du Journal économique du mois d’octobre 1766… On prendra huit livres de panne de porc ; on en ôtera toutes les peaux & la chair ; il faudra ensuite les hacher & les faire fondre sur le feu, avec trois ou quatre cuillerées d’eau dans un pot neuf vernissé. On passera le tout dans un linge ; on le remettra dans le même vase sur un petit feu, avec quatre onces de camphre écrasé en miettes, & on laissera bouillir doucement jusqu’à ce que le camphre soit entièrement dissous. On ôte alors du feu cette composition, & pendant qu’elle est encore chaude, on y met autant de mine de plomb qu’il en faut pour lui donner une couleur de fer. On se sert de cette graisse, au lieu d’huile pour en frotter le fer ou l’acier. Elle doit être fort chaude dans le moment qu’on en fait usage ; mais on attend qu’elle soit tout-à-fait refroidie sur les fers ou aciers qu’on aura enduits pour les essuyer fortement avec un linge sec.


Rouille des plantes, La